On lui en veut un peu de nous avoir laissé choir sans crier gare. D’avoir déguerpie à la sauvette. Elle, dont la joie de vivre et les fous-rires se faisaient même se retourner les chevaux de Marly, qui s’ébrouaient sur son passage. Hochant gravement du marbre, ils sont à l’image de tous ceux qui ont côtoyé la silhouette de celle qu’un cancer en tapinois a soufflée telle une brindille: en vrac. Isabelle Nataf, – «Naf-Naf », comme l’avait baptisée son amie Sophie Fontanelle-, est décédée mardi. Elle avait déboulé un jour de 1983 dans les bureaux du Matin de Paris, le sourire en bandoulière. Assise à deux pas de moi, elle distillait une joie de vivre contagieuse et une générosité qui confinaient à l’insolence face à l’armée des tristes sires qui peuplaient la profession.
Nous avons travaillé ensemble et chaque jour qui passait la voyait nous inoculer une dose d’humanité. Si bien qu’une fois dans la pièce, elle vous enveloppait d’un éther urbain aux effets revigorants. Croisée ce matin à deux pas d’Europe 1, l’une des mes consœurs du Figaro, – où elle officiait depuis de longues années-, me disait que la veille de sa disparition, Isabelle avait fait un remplacement dans son journal, afin de permettre à l’une de ses amies journaliste d’aller veiller sur sa mère malade.
J’en suis resté sans voix, après que cette confidence m’ait jeté sur le trottoir et trempé d’émotion, telle une lame de fond.
Et si j’évoque, ici, sa mémoire, c’est parce qu’Isabelle Nataf était tout simplement une belle personne
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