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La mort du jeune Clément Méric des suites d’un tabassage en règle par des nervis d’extrême droite suscite un immense malaise et appelle quelques questions toutes aussi dérangeantes. Car ce drame était pour ainsi inscrit dans les gènes du mouvement contre le Mariage pour tous : une vague protestataire largement relayée par les médias et dont la radicalisation est allée crescendo.

On a d’abord vu l’UMP prendre bien peu de distances avec l’ensemble du climat homophobe qui n’a cessé de polluer cette lamentable campagne, jusqu’à s’enraciner comme du chiendent dans les rangs de manifestants à l’homophobie souvent affichée. Jour après jour, les principales têtes d’affiches de ce mouvement ont ainsi appelé à durcir la lutte dans la rue, trouvant dans les médias une chambre d’écho particulièrement accueillante.

On a aussi entendu sur les antennes des propos hallucinants, dont certains n’auraient pas déparés durant le régime de Vichy. Et ce sans que personne, sur les plateaux de télés, ne s’en offusque d’abord et ne les modèrent ensuite, par un simple commentaire ou une prise de distance nécessaire. Quand il aurait fallu en interdire tout simplement la diffusion sur ces mêmes antennes.

Injures publiques, appels à l’exclusion, « chasse aux pédés »…Certains parmi ces très nombreux dérapages ont fait ainsi la joie du zapping de Canal+, et pas seulement, tournant en boucle, quand il aurait fallu les en bannir.

Cette banalisation de la haine, très docilement répercutée par des médias prêts à relayer le moindre témoignage, au nom d’une politique de « couverture » et de surenchère médiatique, fut intolérable.

Oui, les médias ont joué un rôle pervers dans cette lente poussée de fièvre homophobe qui s’est emparée de ce débat au fil de ces micros-trottoirs infâmes qui ont vu une France ultraconservatrice prôner l’exclusion de toute une communauté homosexuelle ostracisée. Oui, les chaînes de télés ont indiscutablement surfé sur ce climat nauséabond, tendant sans discernement leurs micros au tout-venant, hébergeant la fange, offrant aux extrêmes des tréteaux inespérés, quand derrière les mots de ces familles endimanchés, avec landaus et marmailles, suintait une idéologie poisseuse: la peur de l’autre. Et la haine de l’homo. Les figures de proue de ce mouvement auront beau jeu de dénoncer l’extrême droite et ses têtes brûlées. Mais c’est dans ses rangs les plus présentables que l’on a souvent entendu les slogans et les mots les plus inexcusables. Cette France homophobe au pied de laquelle une armada de chaînes et de journalistes s’est précipitée.