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C’est l’histoire d’un dîner de cons qu’a choisi de raconter samedi dernier Stéphane Bern sur le plateau de «Salut les Terriens », sur Canal+  De ces dîners alibi où une personnalité politique soucieuse de ripoliner son image était venue faire le tapin, de la retape, auprès d’une  brochette de vedettes du Paf, dont certaines ne cachaient nullement leur homosexualité. Outre Stéphane Bern étaient présents lors de cette soirée, organisée à l’initiative de Jean-François Copé et de sa compagne, Marc Olivier Fogiel, Christine Bravo et Dominique Besnehard…

Et c’est entre la poire et le fromage que l’homme politique avait évoqué son opinion, plus que favorable, envers le mariage gay. Voilà qui avait immédiatement détendu l’atmosphère et ravi les convives, lesquels se promettaient de réserver à Jean-François Copé un rond de serviette, quand ils lui rendraient son invitation. Comme on le fait pour un ami avec lequel l’on partage désormais les mêmes engagements et convictions. C’était le 20 novembre 2011, quelques semaines avant son mariage, a précisé Bern, qui  se souvient, « Il a dit, à titre personnel, je suis pour ». Et chacun s’était chaleureusement quitté sur le trottoir, en promettant à « Jean-François » de se revoir au plus vite. Un ami comme cela, on le soigne, on le  gâte.

Mais au titre du poste qu’il occupe à la tête de l’UMP, je suis radicalement « contre », nous lance «JFC» quelques mois plus tard!

Enrubanné de son écharpe tricolore, tel un coq de basse-cour plastronnant au beau milieu d’une armée de croisés de l’homophobie, Jean-François Copé nous remisa subitement ses propos de table pour arborer dans les rues de Paris la mine courroucée du militant radical anti-mariage gay. Allez comprendre.

On a tout compris, en fait. Oubliées les agapes et les effets de manche du mois de novembre et retour au foncier de la politique. Virage à angle droit et recadrage express :  Pas de mariage de «pédés» à l’UMP!

Outre le fait que Jean-François incarne ici  tout ce qu’il y a de plus détestable et de méprisable en politique, ce double langage, parfaitement assumé, est d’une tristesse affligeante.   « Je me demande où est la parole des hommes politiques et suis épouvanté par le climat qui règne dans notre pays », s’est lamenté Stéphane Bern. « Et c’est pour ça que j’ai eu envie de le dire parce que je trouve qu’il y a trop de propos de haine. Je crois que le dire peut avoir une importance. Et d’ajouter : « Quand je vois qu’en bon tacticien, il fait descendre des milliers de Français dans la rue, je me demande où est la parole des hommes politiques entre ce qu’ils peuvent dire en privé et ce qu’ils peuvent dire en public. »Bern, qui a eu le courage de reprendre de volée cet élu de la République, en est ainsi réduit à enfoncer des portes ouvertes. Car personne n’a été véritablement surpris du cynisme avec lequel Jean-François Copé s’est emparé de ce sujet de société, -sujet qui l’aurait amené à défiler à la Gay Pride, si la droite la plus bête et la plus conservatrice du monde ne s’était pas mobilisée contre le Mariage pour tous.

Et pourtant tout le monde s’est tu, au-delà de Stéphane Bern. On aurait bien aimé que les autres convives, présents à cette mascarade, passent une avoinée à celui dont la parole pèse de si peu de poids. Pour le reste, je vous renvoie à la chanson de Dutronc et à sa veste réversible:  L’opportuniste.

S’en est pathétique. Reste la parole salutaire d’un animateur.

Suite à ce papier le cabinet de Jean-François Copé me fait passer les propos tenus par ce dernier sur l’antenne de RTL  à propos du mariage gay:

« J’aimerai vraiment insister sur un point qui est important. Ce n’est pas tant le mariage qui a posé problème, sur la question du mariage en réalité il y avait un consensus, nous avons même parlé nous d’union civile. Ce qui pour nous posait le véritable problème, c’était la question de la filiation et sur ce point je demande que l’on respecte aussi bien ceux qui ont défendu ce texte que ceux comme moi-même qui s’y sont opposé. »

« Pour moi le sujet n’a jamais été la question du mariage, c’est la question de filiation qui m’a engagée et mobilisée contre ce texte. »

PS. C’est là toute l’ambiguïté de Jean-François Copé. Car tenir ces propos de plateau est une chose, mais cautionner dans le même temps, et par sa seule présence dans les défilés contre Le Mariage pour tous, – un slogan qui a un sens très clair-, me semble plus que contradictoire. L’honnêteté aurait voulu qu’il ne participe pas à ce qui restera le symbole même de l’exclusion de l’autre et d’une homophobie rampante et nauséeuse.