Vincent Bolloré ira-t-il jusqu’au bout dans sa volonté de prendre les rênes de Vivendi ? La réunion, demain mercredi, du Comité de nomination, chargé de trouver un successeur à Jean-François Dubos, débouchera-t-elle sur une nouvelle organisation du groupe? Ou l’industriel breton, qui est parvenu à fragiliser le président du Conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, – lequel a échoué dans sa tentative de prendre tout le monde de vitesse en voulant imposer l’allemand Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann, à la tête de celui-ci – choisira t-il de remiser sa candidature après avoir remporté cette première manche ?
Excellent manouvrier, Vincent Bolloré s’est en tous les cas imposé comme le nouvel homme fort de Vivendi : en témoigne le cours de bourse du groupe qui a pris 2% au moment même où la presse annonçait sa volonté de croiser le fer avec Jean-René Fourtou et de briguer la présidence du groupe. L’ancien PDG de Rhône-Poulenc apparaît donc affaibli. Beaucoup estiment qu’à 70 ans passés, l’homme a fait son temps. Même son vieux complice, Claude Bébéar, qui rappelle à qui veut l’entendre qu’à 65 ans pile il avait décidé de se retirer de tous ses mandats, estime en privé qu’il serait sans doute temps que « Jean-René » prenne du champ. Ce qu’il devra sans doute se résoudre à accepter.
Mais personne n’ira l’humilier pour autant. Il s’agit ainsi de ménager les susceptibilités et les egos. Architecte et grand manitou de Vivendi, Fourtou ne se laissera donc pas abattre. Quant à Vincent Bolloré, ainsi lancé comme une boule dans un jeu de quilles, il est décidé à imposer sa ligne. Deux crocodiles se disputent ainsi le contrôle du marigot et il faudra aux deux hommes quelques exercices de contorsion pour éviter la crise. L’enjeu est d’importance car au-delà de cette bataille d’hommes il en va de l’avenir de ce groupe et de sa gouvernance: Vincent Bolloré, qui estime que Vivendi n’a pas de stratégie à long terme, veut en redessiner le périmètre au pas de charge. Avec 5% du capital, il n’est pas pour autant en mesure d’imposer encore sa ligne. Et les autres actionnaires de Vivendi, qui connaissent son caractère impétueux, le lui rappelleront. Mais une fois dans l’arène, l’homme n’a pas pour habitude de jeter l’éponge. Les jours qui viennent risquent d’être sportifs.
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