On apprend ce matin à la lecture de Libération, sous la plume des auteurs d’un portait de Léonarda, qu’il leur a fallu débourser 50 euros afin de pouvoir l’interroger. Après quelques tractations, les journalistes de «Libé» confessent que la transaction s’est plutôt bien déroulée, puisque d’ordinaire la jeune fille et ses parents négocient ces interviews au prix de 200 euros l’unité. 50 euros, une bonne affaire ! L’aumône, plutôt, un pourboire, quelques piécettes jetées dans une coupelle au coin d’une rue. Oui, cette somme a quelque chose d’indécente. Elle renvoie cette jeune fille, expulsée avec sa famille vers le Kosovo le 9 octobre, à son statut de migrant, à sa condition de SDF: comme s’il existait une bourse de l’exilé, à l’image de cette bourse des otages, dont la valeur marchande fluctue selon le pays où on est détenu.
Car si Leonarda était américaine et avait été expulsée vers les Etats-Unis, il va sans dire que c’est en milliers d’euros que cet entretien se serait négocié. 50 euros, c’est donc le tarif pour une jeune fille assimilée des jours durant à une rom, avant que toute la lumière soit faite sur ses véritables origines. Dis-moi d’où tu viens, qui tu es et où tu vis et je te dirai ce que tu vaux !
Il n’y a d’ailleurs rien de choquant à ce que les parents de cette gamine monnayent ses interviews avec la presse: pourquoi s’en priverait-il alors que des cohortes de journalistes français se bousculent à la porte d’une Leonarda devenue l’oracle depuis qu’elle s’adresse directement à François Hollande, de puissance à puissance. Depuis qu’il existe encore des journalistes assez sots pour faire le chemin jusqu’à Mitrovica, afin d’interroger Léonarda sur ses projets en France et l’opinion qu’elle se fait du gouvernement de Jean-Marc Ayrault et de l’attitude de notre pays à son égard. D’ici à ce que TF1 en fasse sa star du magazine « 7 à 8 » et que NRJ 12 la recrute pour un programme de télé réalité, il n’y a d’ailleurs plus qu’un pas…
On encourage donc les parents de cette consultante de choc à revoir leur grille de prix et à s’informer sur l’importance que revêt en France la dernière page de Libération: cette vitrine médiatique que tous les services de presse rêvent de décrocher un jour pour l’un de leurs poulains, politiques, stars du show-biz, artistes ou intellectuels… Interrogée pour une bouchée de pain au Kosovo, Léonarda n’aurait coûté que quelques centimes, si la France l’avait expulsée aux confins du Pakistan ou du Daghestan. De l’utilité d’indexer le coût de ce type d’entretien sur le PIB du pays et sur l’origine de ses ressortissants…
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novembre 12, 2013
M. Revel,
Parlons argent : Au lieu de maugréer contre ces 50 € qui tant vous scandalisent, que diriez-vous de lancer, sur votre blog, un appel à contributions pécuniaires de façon à vous payer des cours de français, un Bescherelle et un dictionnaire ? Ou un collaborateur, peu importe son métier, mais qui sache écrire ?
novembre 13, 2013
@J. Houard : vous êtes cruel, par rapport à ses performances habituelles, Renaud a fait des efforts… Il n’y a que 2 ou 3 fautes d’orthographe dans cet article, pas de nom propre écorché, et aucune expression précieuse ou désuète…
novembre 14, 2013
Faire le buzz a peu de frais, surtout s’il s’agit de mettre en difficulté ses ex-amis,nouvelle devise de Libé qui n’en finit pourtant pas de couler. Ce journal, qui ne faisait pas de cadeau non plus à Sarko, ne sait plus comment se positionner, entre les bobos et la gauche extrême. Le temps des « UNE » (s) bien senties, des analyses bien léchées et bien fouillées est révolu. Alors, combien de UNE encore sur Léonarda? A vot’ bon coeur
octobre 28, 2014
@jedisaime : Léonarda , une fillette innocente mais donc les médias ont carrément dénigrer la valeur.