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Heureusement que les rubriques « Zapping » des chaines sont  là pour pointer du doigt ce qui nous a à parfois échappé.  Et qui mérite le détour. Surtout quand le sujet porte sur la dernière facétie en date d’un Eric Zemmour pris en flagrant délit de manipulation et de bidonnage. Le 1er février dernier, en effet, l’éminent chroniqueur de RTL et de I>Télé s’est livré sur le plateau de cette dernière à un numéro de prestidigitation idéologique qui m’aurait sans doute valu un avertissement salé de ma direction,  si je m’étais livré dans les colonnes de  l’Express à une telle opération.

Durant ce débat qui l’oppose  à Nicolas Domenach, (cet excellent  journaliste de Marianne dont on se demande bien ce qu’il fait encore aux cotés de cet olibrius), le chroniqueur a cru bon brandir à l’antenne un document accablant, à l’entendre, visant  Vincent Peillon : ce ministre était accusé, preuve à l’appui,  de livrer l’école publique à une Cinquième colonne composée, pour faire court,  d’homosexuels et de transsexuels : vous savez, ces missionnaires de  la « théorie du genre » infiltrés dans l’Education nationale, où comme chacun sait l’enseignement de la masturbation est inscrit  au fronton des écoles maternelles. S’ensuivit des salmigondis inaudibles et pathétiques  dans la bouche  de celui qui s’agitait à l’antenne, en brandissant son document : preuve de l’ignominie d’un ministre de la République enfin débusqué.

Or cette pièce à charge, preuve absolue et définitive de la déviance du ministre en question et de son administration, n’était  autre que la triste photocopie d’un brulot pondu par quelques dangereux illuminés exerçant leurs talents sur le site Égalité et réconciliation d’Alain Soral : celui dont les soutiens se sont d’ailleurs gondolés sur la toile, en découvrant Eric Zemmour faire la publicité de leur littérature.

On pourrait s’arrêter  là. Et considérer que cette nouvelle sortie de route de cet agité du bocal, dont j’ai renoncé depuis longtemps à comprendre le cheminement de la pensée, n’est qu’un épisode de plus dans le parcours chaotique d’un garçon décidément égaré dans ce siècle. Et que les années 30 réclament : quand les militants de la Ligue des Croix de feu de François de la Rocque défilaient dans les rues de Paris.

Ce qui est plus grave chez Zemmour, c’est que surfant sur les très nauséeux discours d’une frange de la société française, homophobe et j’en passe, -celle que l’on a vu battre le pavé de Paris, le week-end dernier-, ce dernier n’hésite pas à puiser ses arguments dans les recoins les moins bien fréquentés d’Internet. Là où Soral et consorts tiennent salon et fabriquent des éléments de langage: du prêt-à-servir aussitôt ronéotypé par quelques perroquets de service.

Celui-là même en l’occurrence auquel des grands médias comme I>Télé ou RTL offrent une tribune. C’est leur problème.