C’est un François Hollande abasourdi et en colère qui rentre de son voyage officiel en Suisse la semaine dernière. S’entretenant avec l’un des hiérarques du Parti socialiste au Sénat, le chef de l’Etat dit ne pas comprendre l’élimination de la PDG de France Média Monde, Marie-Christine Saragosse, de la course pour la présidence de France Télévisions : une dirigeante audiovisuelle de gauche écartée par le CSA, – tout comme deux autres pointures, le PDG de l’AFP, Emmanuel Hoog et l’ancien dirigeant de Lagardère Active, Didier Quillot-, que son cabinet, une bonne partie du PS, ainsi que celui de Fleur Pellerin, encourageaient et soutenaient.Après que François Hollande lui-même lui ait donné son feu vert.
«Je vais m’occuper de ce dossier», peste le locataire de l’Elysée, qui s’étonne d’abord de la « pauvreté » de la « short-List » du CSA, où sept candidats (es) sont désormais seuls en lice, après qu’une trentaine d’autres soient passés à la trappe. Hollande évoque, ensuite, l’idée de réintégrer Marie-Christine Saragosse dans cette liste de papabile en allant convaincre le président du CSA, Olivier Schrameck, de s’y résoudre: un tour de passe-passe illusoire et vite abandonné par le locataire de l’Elysée, pour de simples raisons juridiques, de calendrier et de procédure.
A 48 heures des auditions qui doivent décider de la prochaine gouvernance de France Télévisions, le climat se tend donc sur le plan politique. Car si publiquement François Hollande a toujours dit vouloir se tenir à l’écart de cette nomination, l’horizon de l’élection présidentielle, conjuguée aux mauvais sondages et au retour de Nicolas Sarkozy au premier plan, l’invitent à mettre les mains dans le cambouis. Son passage hier sur l’antenne de Canal+, où il a fait une bonne prestation, (mais une audience relativement confidentielle avec son 1, 7 millions de téléspectateurs), en dit long. Terrible spectacle d’un exécutif jamais guéri, qui s’imagine que la télévision fait une élection et que France Télévisions en est l’un des leviers! Même l’éditorialiste et bras séculier de l’UMP en 1995, Gérard Carreyrou, au faîte de sa puissance à TF1, n’avait pas fait gagner un demi-point à Edouard Balladur lors de la campagne présidentielle.
Marie-Christine Saragosse sortie du jeu, c’est une autre femme, anciennement dirigeante de Libération et de Nouvel Observateur, Nathalie Collin, qui porte désormais tous les espoirs du PS et de l’entourage de François Hollande à l’Elysée. A gauche comme à droite, l’heure est aux manœuvres d’appareils et au combat: c’est moins les critères de compétences et d’expérience qui rentrent en ligne de compte, à gauche comme à droite, que les calculs politique et d’apothicaires. D’Aurèlie Filippetti au cabinet de la maire de Paris, Anne Hidalgo, jusqu’aux cercles et réseaux les plus actifs à gauche, on se mobilise dans le derniers mètres. Tandis que sur l’autre rive, l’UMP et son chef montent en ligne et menacent. Pris entre deux feux, le CSA, – qui garde un œil sur Radio-France où Mathieu Gallet, malgré l’arrêt de la grève, est en équilibre instable-, tente de tenir bon sur cette ligne de crête. Soumis à fortes pressions de toute part, les membres du CSA évoquent un climat explosif. Une fois les auditions achevées la décision du collège devrait tomber dans l’immédiate foulée afin d’épargner à ses huit sages d’ultimes tentatives d’instrumentalisation et de déstabilisation.
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avril 20, 2015
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