« En dix ans, le rendez-vous du samedi de Laurent Ruquier sur France 2 est devenu l’épicentre du débat politique, avec ce mélange de confusion et de simplisme qu’impose une émission de divertissement». La flèche, effilée, est décochée en « Une » du Monde, où Raphaëlle Bacqué exécute l’animateur. « En près d’une décennie », écrit l’auteure, « Catherine Barma, qui assure se situer pour sa part « plutôt dans la tendance Valls et Macron » a ainsi accompagné, – caricaturés plutôt » accusent ses détartreurs-, les soubresauts s’une scène politique brouillée où grandes gueules de gauche et »nouveaux réacs de droite, philosophes médiatiques et experts en dérision tiennent avec aplomb le haut du pavé ». La charge, sévère, tombe comme une enclume sur celui qu’une partie des médias, ainsi qu’une poignée d’intellectuels ou supposés, assomment de leurs critiques. Notamment depuis le passage de Nadine Morano sur son plateau.
Que n’aurait écrit Raphaëlle Bacqué, dont c’est pourtant la génération, à l’époque où Michel Polac animait ce grand Barnum qu’était Droit de Réponse !? Cette arène, lieu de tous les excès et débordements, classée aujourd’hui dans l’imaginaire cathodique, parmi les émissions phares de notre patrimoine audiovisuel? Débridée, déséquilibrée, parfois insupportable, mais le plus souvent réjouissante justement en raison de son contenu, ONPC est un oasis de liberté dans une société qui n’a jamais été aussi frileuse et repliée sur elle-même. Une société où ce sont les réseaux sociaux qui donnent le «La» et règlent la mire, avant que la meute ne leur embraye le pas : cette majorité silencieuse planquée derrière ses hashtags qui chasse et exécute. Un jour Maïtena Biraben, un autre jour Laurent Ruquier, deux figures du Paf numériquement mithridatisées.
Si l’affaire Morano a pris une telle ampleur depuis huit jours, c’est moins à cause de Laurent Ruquier et de son émission que par la faute d’Internet et des grands médias, lesquels, prenant le relais d’Internet, lui ont donné cette incroyable résonnance, quand les Français, dans leur immense majorité, se contrefichaient d’une polémique qui n’aurait pas dû dépasser les frontières de Saint-Germain-des-Prés.
Personne n’est obligé de regarder ce programme et chacun est libre de refuser d’en franchir le plateau. Au nom de quoi, déclencherait-on une fatwa contre une émission où chacun est responsable des propos qu’il y tient? Qu’y-a-t-il de plus choquant? Les élucubrations d’une hurluberlu mise au ban des Républicains ? Ou le fait que Laurent Ruquier l’ait conviée sur son plateau, ignorant tout de la sortie qu’elle s’apprêtait à y faire? Il y a quelque chose d’éminemment dangereux dans cette charge du Monde, d’un politiquement correcte extraordinairement fâcheux. Cet article fait pourtant assurément symptôme : il est à l’image de l’époque, frileuse, engoncée, cul-serrée et corsetée. Raphaëlle Bacqué ne verrait-elle la politique que du côté de la bien-pensance ou de la bien séance? Du côté du manche? Et la télévision comme un outil corseté, un média tenu bride courte?
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octobre 9, 2015
Je partage tout à fait « Les élucubrations d’une hurluberlue mise au ban des Républicains » ne peuvent servir à condamner une émission qui au contraire révèle tous les non-dits des professionnels de la turpitude, de Morano à Onfray en passant par Finkelkraut et Zemour…
octobre 9, 2015
Bien sûr il faut bien choquer et gueuler pour exister. C’est ce qu’a fait R.Bacqué !
octobre 9, 2015
J’ai toujours été choqué par le fait que ONPC est une émission de politique militante totalement orientée à gauche, et dont le meneur est ouvertement engagé. La chaîne A2 n’est-elle pas payée par tous les contribuables, quelle que soit leur couleur politique?
octobre 13, 2015
La bagarre Libéxpress contre Mondobs est lancée.
octobre 15, 2015
En effet , ruquier est très très grassement payé avec notre redevance ! je ne comprends pas ce qui l’autorise à discuter politique avec ceux qu’il invite , d’ailleurs la grande majorité de gauche , si je ne m’abuse ce mec n’est même pas journaliste !