Jeremy Ferrari était-il à côté de la plaque sur le plateau de Laurent Ruquier samedi soir face à Manuel Valls? Ou au contraire, plutôt juste quand il y a dénoncé la politique du gouvernement en matière de terrorisme, ainsi que les liens contre-nature qu’entretient la France avec certains roitelets africains, dont le président dictateur du Cameroun Ali Bongo, présent à Paris lors de la marche Républicaine du 11 janvier 2015?
Bien que désordonnée la sortie de l’humoriste, qui fait couler beaucoup d’encre depuis ce matin, fut à mon sens non seulement courageuse, mais extrêmement sensée. N’étant pas un professionnel de la profession et encore moins un expert en géopolitique ou l’un de ces consultants multicartes appointés par les chaines, Jérémy Ferrari a tout simplement dit avec ses mots à lui quelques vérités qui n’auraient choqué personne si ils étaient sortis de la bouche de quelques éditocrates ou experts patentés. Oui la France a sa part de responsabilité dans l’implosion des régimes libyens et syriens, deux régimes totalitaires dont l’effondrement a permis l’éclosion d’un Etat islamique non moins totalitaire.
Oui, la présence de la France au Mali n’a en rien réglé à ce jour la question de l’islamisme radical sur le continent africain, comme en témoignent les attentats de Ouagadougou de cette fin de semaine!
Et oui Ali Bongo n’est pas un démocrate et ses liens avec la France participent de cette France-Afrique que l’on pensait éteinte! C’est tout cela et pas plus que notre humoriste a voulu exprimer d’une traite, le tout dans un sprint éperdu qui lui vaut aujourd’hui une salve de quolibets.
Oui, c’est tout cela à la fois qu’a voulu dénoncer, de manière déstructurée, certes, l’invité d’ONPC que Laurent Ruquier a très vite muselé afin que Manuel Valls, auquel l’on déroulait samedi soir le tapis rouge, puisse doctement répondre. Exit le saltimbanque au secours duquel ni Yann Moix, ni sa voisine Léa Salamé ne se sont risqués: du haut de leur perchoir les deux serre-livres de ce programme sont restés sur leur quant-à-soi. Ils n’allaient pas s’abaisser…C’eut été une personnalité d’un tout autre calibre ou tonneau ils auraient peut-être bougé, mais là…Il suffisait d’ailleurs d’observer la mimique méprisante du locataire de Matignon pour comprendre qu’il n’y aurait pas de débat avec cet hurluberlu…
Il y a quelque chose de choquant, voire d’insultant, dans le tombereau de critiques qui tombent sur ce malheureux. Les débats à la télévision devraient donc être réservés à une aristocratie, à une caste, composée d’intellectuels et de politiques dûment catalogués? Toute prise de parole un tant soit peu confuse devrait être donc raillée et bannie? Toute personnalité n’ayant pas la carte ou un discours structuré ne devrait donc pas intervenir dans de tels débats réservés à une élite, au motif que ses mots ne sont pas d’une clarté aussi limpide que ceux de Robocom?
Comment s’étonner ensuite du procès qui est fait aux journalistes, comme aux politiques, ces «élites » dont les français dénoncent les liens de connivence? Comment s’étonner du fossé croissant qui sépare l’opinion d’une aristocratie parisienne et de salon, règne de l’entre soi et des diners en ville! Comment s’étonner du précipice qui sépare encore nos concitoyens de ces chroniqueurs à qui la télévision offre des tréteaux et piédestaux?
Jeremy Ferrari était tout simplement un «monsieur-tout-le-monde » samedi soir chez Ruquier: un simple saltimbanque bon pour les troisièmes mi-temps de rugby qui aurait mieux fait de la boucler. Un citoyen au rabais dont on attend seulement quelques bons mots en fin d’émission, quelques miettes d’humour pour réjouir la galerie et les sommités. N’en déplaise, l’homme a eu raison, mille fois raison, de s’exprimer comme il l’a fait. Avec ses mots et dans sa langue.
janvier 18, 2016
Ali Bongo président dictateur du Cameroun ! Faut réviser ses classiques… Le Gabon va encore se fâcher !!!
janvier 19, 2016
Bonsoir,
Il y a une erreur dans cet article. Ali BONGO n’est pas président du Cameroun comme indiqué. Il est plutôt président du Gabon.
Bien Cordialement,
Fare
janvier 21, 2016
Le déséquilibre de connaissance entre un élu, quel que soit son niveau de responsabilité, y compris au niveau local, et un citoyen éloigné des dossiers conduit fatalement à ce type de scène où le profane perd la face. La politique est une activité plus ou mieux professionnelle.