Ce n’est pas un plateau de télévision, mais un confessionnal. Thierry Demaizière n’est pas un journaliste, mais un psy cathodique dont la petite musique de fond a des vertus anesthésiantes. Comme sous Lexomil, Nicolas Sarkozy, qui nous avait habitué à mithridatiser ses intervieweurs, semblait un agnelet lobotomisé dimanche soir au micro de celui au chevet duquel se précipitent tous les éclopés de la vie. Pour tous les communicants de la place et le monde de l’édition, Demaizière n’est pas un dynamiteur de bienséance, encore moins un sniper, il est tout l’inverse: un homme à l’écoute. Et ça rassure.
Son rendez-vous, qui ne laisse pas de place à la spontanéité ou à l’improvisation, c’est l’assurance d’être toujours bien traité. Cette pastille programmée en ponctuation de « 7 à 8 » est un sas de décompression pour celles et ceux que le destin a abîmé ou fracassé, une séance de Calinothérapie garantie sur fractures pour les cabossés de la vie. Bref un lieu intimiste, ( l’antithèse d’ONPC, l’échafaud de Laurent Ruquier), où tout est fait pour ne pas malmener ou brutaliser l’invité.
Nicolas Sarkozy sur le divan du rebouteux de TF1? Un carnassier de la politique devenu soudainement végétarien ! Un équarisseur de journalistes qui aurait troqué ses hachoirs pour quelques ustensiles moins tranchants. Le tout pour un numéro de contrition et d’autodépréciation inédit en politique! L’interview de l’ancien locataire de l’Elysée fut d’ailleurs en cela plutôt réussie. Machine à double commande, Nicolas Sarkozy a indéniablement performé dans ce numéro schizophrène, dans cet exercice de repentance à l’évidence très soigneusement préparé. Jusque dans le soin que l’ancien chef de l’Etat mit, face caméras, à soigner ses postures, offrant le visage d’un homme apaisé, au sourire d’angelot, dont on aurait limé les canines et adouci les traits. Au final, un plateau de télé comme le cabinet d’un médecin de famille où l’on vous ausculte avec bonhommie et se garde de s’appesantir sur vos antécédents médicaux.
«Je me suis corrigé et je ne ferai pas de rechute, docteur»: tel semblait être le message, la promesse, de Nicolas Sarkozy. Menuisier habile, l’ancien chef de l’Etat avait raboté le bois qui chargeait encore hier sa langue: il avait limé ses griffes. Avec dans le regard l’éclat mendiant du hussard qui réclame une monture pour un dernier combat. Il n’y avait rien de très spontané, ni de très vrai, dans cet exercice enregistré qui suintait le « plan com » par tous ses pores. Ripoliné à souhait et parfaitement scénarisé, l’exercice fut à cet égard un sans-fautes. Mais que retiendront les français de cette opération marketing? On attend les prochains sondages pour le savoir.
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