La photo d’Aylan Kurdi, cet enfant kurde retrouvé mort sur une plage turque le 2 septembre avait ému le monde entier. Même si dès le lendemain, et dans un mouvement de ressac, avait émergé un tombereau de rumeurs bien mal inspirées, voire malhonnêtes évoquant de pseudos manipulations d’images, ainsi que des contre-vérités sur la famille de l’enfant ou sur les circonstances de sa mort.
Ce drame vient de macabrement inspirer Ai Weiwei qui a voulu recréer la scène de noyade d’Aylan Kurdi. Ce célèbre artiste chinois, militant de la liberté d’expression et des droits de l’Homme, a ainsi choisit d’épouser la position de l’enfant lors de la découverte de sa dépouille : couché à même le sol, le visage plaqué sur une plage de galets, Ai Weiwei a donc choisi de détourner ce cliché et de se l’approprier, comme s’il s’agissait d’une simple «performance » artistique.
Il y a bien évidemment quelques chose de terriblement choquant, – d’insultant même pour la mémoire de cet enfant dont on souille ici la sépulture-, dans cette récupération médiatique qui n’a pas d’autre objet que de faire le «buzz ». Raphael Einthoven, qui s’en indignait ce matin sur l’antenne d’Europe 1, suggérait à cet artiste de reproduire ce même genre de « performance » dans les vestiges de chambres à gaz d’un ancien camp d’extermination ou sur une scène d’exécution d’otages par quelques bourreaux de Daech : « Le signe distinctif de la vanité c’est de croire que l’on dérange quand on choque » concluait très sobrement le philosophe.
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février 4, 2016
Récupération, buzz, performance, ce vocabulaire vise à salir l’artiste. Je trouve bien au contraire que cette photo nous oblige à nous souvenir à nouveau d’Aylan. Elle date de quand la photo d’Aylan? du 2 septembre 2015. Combien d’autres enfants sont morts au cours de leur traversée, depuis déjà cinq mois? Que fait le Commissariat aux Réfugiés? A quand une gestion humanitaire, en Turquie, en Jordanie, des ces gens qui voudraient retourner vite dans un pays enfin pacifié. Je rêve sans doute, mais Ai Wei Wei nous remet l’oeil là où ça fait mal.