La rumeur, véritable serpent de mer, chemine depuis des mois dans les coursives du PAF: David Pujadas ne fera pas de vieux os à la tête du journal de 20 heures de France 2. Et pas plus aux commandes du rendez-vous politique de cette même chaine, Des paroles et des actes, où Léa Salamé, (une journaliste sacralisée et mise à toutes les sauces, dont tout un métier s’est entichée pour de mystérieuses raisons) est régulièrement annoncée. Il aura fallu qu’une énième gazette ne reprenne ce goupillon pour que la direction de France Télévisions se fende d’un beau démenti: Tout va pour le mieux pour l’anchorman de France 2 explique le groupe. Tout baigne, on vous l’assure, entre l’homme-tronc du 20 heures et le patron socialo-bobo-trotskyste de l’info de France Télés, Michel Field.
La vérité est plus complexe. Solidement installé dans son fauteuil de présentateur, David Pujadas ne doit sa longévité qu’à la bonne tenue de ses audiences, ainsi qu’à une assise solide au sein d’une rédaction qui le respecte. L’homme est de fait indéboulonnable. Il y a très longtemps que Pujadas aurait sauté comme un bouchon de champagne si l’audience du 20 heures s’était affaissée, ce qui n’est pas le cas, bien au contraire. Et si la très remuante rédaction de l’A2, toujours prête à en découdre, n’avait entonné une Carmagnole devant la porte de son bureau: on en est loin. Or à l’Elysée, l’homme n’a pas que des soutiens, c’est un euphémisme que de le dire. Regardé comme un journaliste libéral, tendance Macron pour les plus indulgents, perçu comme un fan du très «Thatchériste» chroniqueur économique du JT, François Lenglet (un «relais du Medef», persifle-t-on au Château) David Pujadas est sur la liste de ceux que le locataire de l’Elysée verrait bien déguerpir.
Au risque de se répéter, rappelons qu’à moins de quinze mois de l’élection présidentielle l’équipe d’Hollande s’est lancée dans une vaste tentative de remise à niveau du paysage médiatique: rapprochement avec Martin Bouygues et Vincent Bolloré, (deux industriels propriétaires de TF1 et de Canal+, connus pour leurs sympathies sarkozyste, que l’on soigne aux petits oignons) ; coups de boutoir contre BFM TV, ce «bras-armé de la droite », une chaine autant redoutée que décriée à l’Elysée; opération de Calinothérapie en direction de quelques organes de presse classés à gauche, dont Libération, Le Monde et le Nouvel Observateur, des titres auxquels on reproche le peu de soutien; création aussi d’une chaine tout-infos par France Télévisions, un projet destiné à jouer les contrepoids face à l’axe du mal, BFM-LCI…Tout y passe.
C’est dans ce contexte de hautes tensions que s’est donc posée la question Pujadas, un journaliste vertébré dans les pattes duquel on essaye de placer Léa Salamé qui, on vous le prédit, jouera les météorites, à l’instar d’une Natacha Poloni dont Canal+ s’amouracha avant de l’éjecter….Quant à moi, Je fais ici le pari que fort de ses bonnes audiences et de sa légitimité en interne, le présentateur du 20 heures a encore de beaux jours devant lui.
février 29, 2016
« David Pujadas ne doit sa longévité qu’à la bonne tenue de ses audiences, ainsi qu’à une assise solide au sein d’une rédaction qui le respecte » => pour un présentateur de JT sur la deuxième chaîne nationale (en terne d’audience), j’aurais tendance à dire qu’il fait donc son boulot, et qu’il le fait bien. s’il ne doit sa longévité QU’à cela, ça me semble déjà beaucoup !
février 29, 2016
J’apprécie cet article et sa finesse. Il démontre bien à la fois la naïveté et le stress des politique vis à vis des médias. Pour moi qui pense clairement à droite, Pujadas est clairement à gauche, mais il est assez fin pour ne pas être caricatural et avoir une certaine objectivité ce qui n’est pas vraiment le cas de nombreux acteurs des chaînes radios et télévisions nationales. Je ne citerai pas de noms pour ne pas être censuré…. Pardon, modéré…