Les secousses telluriques qui ébranlent depuis quelques semaines France Télévisions et son directeur de l’information, Michel Field, auront fait paradoxalement une première victime: François Hollande. Au bord de l’abîme avec des sondages en chute libre, le chef de l’Etat n’a pas été aidé par la confusion et les tensions qui agitent le groupe audiovisuel jusqu’à son sommet. Ainsi découvrira-t-il peut-être ici que l’émission à laquelle il a participé sur France 2 jeudi dernier a été par exemple volontairement raccourcie de dix minutes sur les instructions express en régie de Michel Field : inquiet que l’équipe B de journalistes écartés du programme, qui piaffait d’impatience sur un plateau mitoyen et dont il fallait panser les plaies, ne rue dans les brancards, le patron de l’info a préféré interrompre l’émission plus tôt que prévu.
Et par là-même mettre fin au supplice du locataire de l’Elysée que Marie Drucker, Nathalie Saint-Cricq, François Lenglet ou encore Franz-Olivier Giesbert, des signatures mises au ban, ont allégrement lardé de banderilles. Le bilan est calamiteux : il démontre à quel point une série de bévues et de dysfonctionnements peut faire dérailler la machine, – France Télévisions. Pour envoyer dans le fossé celui-là même qui espérait se remettre en selle à cette occasion, François Hollande.
Cette double peine infligée au locataire de l’Elysée n’est pas du goût d’une bonne partie de son entourage qui cible Michel Field, ainsi que l’homme fort de la communication au Château, Gaspard Gantzer : critiqué pour cette initiative jugée bricolée et inadéquate ce dernier dit « assumer » ses choix, notamment le casting de journalistes (Salamé-Rissouli-Pujadas) inscrits sur la feuille de match, après qu’il l’eut validée en liaison directe avec le même Michel Field.
L’intéressé, quant à lui, a passé tous ces jours derniers à essayer d’éteindre en vain l’incendie qui se propage au sein d’une rédaction vent-debout, où même les barons les plus en vue, jusqu’ici plutôt discrets, sont sortis de leurs cages dorées. Ainsi de Laurent Delahousse qui a expliqué qu’il ne pouvait plus mettre un pied chez sa crémière ou son boulanger (sic) sans se faire interpeller. A quoi tiennent parfois certaines révolutions…
C’est ainsi que les cadres de la rédaction sont à leur tour descendus dans l’arène pour pointer du doigt un Michel Field en équilibre sur un fil, alors que se mitonne pour demain mardi un vote qui décidera de la confiance ou de la défiance que cette même rédaction entend lui accorder. D’une maladresse confondante celui qui ne cesse de faire amende honorable à chacune de ses bourdes ou provocations, – de vrais sketchs- a cru bon en remettre une légère couche à la veille du week-end, histoire de garder le rythme: une sortie à découvert, aussi téméraire et inconséquente que les précédentes, qui a vu Michel Field expliquer dans les colonnes du Parisien: « Quand il y a une motion de défiance, c’est un singulier rappel à l’ordre. On écoute ce que cela veut dire et on y répond. Je n’ai pas l’intention de démissionner ».
Pas sûr que Michel Field et les journalistes de France Télévisions aient à propos de « singularité » tout à fait la même perception.
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avril 18, 2016
Ne jamais oublié ses classiques » l’arroseur arrosé »