L’onction journalistique de Caroline Pigozzi, – celle qui a pour habitude de décrypter avec talent et depuis de nombreuses années pour Paris Match les arcanes de la Papauté-, portera-t-elle chance à Emmanuel Macron? Et les encensoirs d’une partie de la presse suffiront-ils à transformer ce «produit » de marketing en un destin ? Installée en couverture de Match aux côtés de son épouse cette étoile montante de la politique est une aubaine pour les communicants. Vierge de tout passé et de toutes casseroles (apparentes) cette jeune pousse à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession, est une aubaine. Comme sorti un beau matin d’une lampe d’Aladin, cet ovni de la politique au sourire éternellement plaqué, sans label ni histoire ou vécu apparent, est une pâte à modeler pour tous les gourous de la communication.
Bien rares sont en effet les dirigeants politiques sans attaches ni filiations, sans références, estampilles ou figures tutélaires. VGE a fait ses classes sous la baguette de Georges Pompidou. Laurent Fabius a grandi à l’ombre du chêne Mitterrand, Alain Juppé s’est épanoui dans les jupes du RPR et de son patriarche Jacques Chirac. Ségolène Royale a éclos dans les couloirs de l’Elysée, sous l’œil paternel du même François Mitterrand. Quant à Manuel Valls il fut un bébé Jospin. A chacun son ADN….Débarqué sans crier gare sur les linéaires de la politique, Emmanuel Macron est donc un produit sans appellation d’origine, un cas génétiquement intraçable. Bref un « générique » de la politique qui piétine sans aucun état d’âme ceux-là mêmes qui l’ont fabriqué, mis en boite, puis installé sur le marché, à commencer par François Hollande.
Macron ? Juste un emballage au contenu improbable, soigneusement « marketé » et « robotiquement » mis en scène.
La côte de popularité de l’homme est d’autant fascinante qu’elle repose sur du vide. Je mets au défi quiconque de me résumer la pensée de celui dont les incantations et le verbiage néo-libéral ne font ni un projet, ni un programme et encore moins une «promesse d’avenir». Plusieurs millions de français sont tombés sous le charme du minois de Marion-Maréchal Le Pen, imaginant un Front National « new age », jusqu’au jour où ce ventriloque de Jean-Marie Le Pen se mit à caqueter. Peu de gens ont bien voulu relever ou se sont véritablement offusqués de la petite escroquerie qu’est ce clip réalisé par Emmanuel Macron et ses équipes pour le lancement de son mouvement « En marche ». Un point de détail me direz-vous ? Non. Un bidouillage pouvant en appeler un autre, on est en droit de s’interroger sur le sérieux et l’éthique d’une personnalité qui aspire à la magistrature suprême. Les médias qui s’en entichent nous renvoient quant à eux à l’ébullition de 2007 : quand la profession en prosternation ou lévitation s’inclinait devant un Nicolas Sarkozy dont elle fit le lit. On a vu ce qu’il en est advenu.
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avril 15, 2016
Bonjour Monsieur,
Je tombe par hasard sur votre article et je partage tout à fait votre analyse.
Juste une petite expérience, je tape « macron » sur Google Actualités et ça me sort 1 280 000 résultats. Macron envoie sa femme faire un article dans Paris Match, il regrette, je ne sais combien de résultats Google il a pu gagner avec ça, de l’espace médiatique qu’il pourrait utiliser à meilleur escient s’il avait une conscience (politique pour commencer).