C’est la première crise profonde que connait l’Obs depuis sa vente par son fondateur Claude Perdriel au trio « BNP » propriétaire du Monde Bergé-Pigasse-Niel. Convoquée aujourd’hui, la rédaction du magazine doit se prononce sur une motion de défiance à l’encontre de son directeur de la rédaction, Matthieu Croissandeau. C’est la mise à l’écart des deux directeurs adjoints de même rédaction, Pascal Riché et Aude Lancelin, qui est l’origine d’une flambée qui risque de secouer ce titre et de fragiliser son directeur. Cette nouvelle secoue s’inscrit dans un contexte difficile pour l’hebdo dont la nouvelle formule lancée en novembre 2014 n’a pas donnée les fruits attendues: ses ventes en 2015 atteignent 401.000 exemplaires en 2015 contre 461.000 en 2014, soit un recul de 13%. Cette crise trouve notamment sa source dans les différents plans d’économies décrétés par son nouvel actionnaire qui a vu toute une génération quitter la place de la Bourse, siège du journal : une brochette de signatures qui a accompagné l’histoire de ce magazine, mais dont l’éviction a indubitablement affaibli la marque au fil des mois. S’ajoute à cela la responsabilité d’ordre éditoriale des nouveaux propriétaires qui se sont montrés incapables jusqu’ici de dessiner une nouvelle identité, un positionnement, bref un véritable projet pour un titre qui patine depuis sa reprise. Même s’il dispose encore aujourd’hui d’un solide portefeuille de lecteurs au nombre de quelques 500 000, l’Obs doit se réinventer. Au-delà du carton rouge qui menace le directeur de la rédaction, c’est en effet la question de l’ancrage de ce journal né dans les fondations de la gauche mendésiste et porté par les années Mitterrand qui reste cruellement posée. Or cette profonde crise d’identité épouse les pointillés d’une autre crise de défiance: celle d’un électorat de gauche qui tourne aujourd’hui le dos à l’exécutif et au parti Socialiste.
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