L’embauche retentissante de ces deux transfuges de luxe de Canal+ que sont l’animateur Yann Barthès et le journaliste sportif Grégoire Margotton est bien plus qu’un signal fort envoyé au marché par le nouveau PDG de TF1, Gilles Pélisson, ( qui a en deux coups de cuillères à pot repeint la façade d’une chaine pantouflarde) : c’est d’abord le pied de nez et la revanche d’un homme, j’ai nommé Martin Bouygues. Le propriétaire de TF1 peut en effet jubiler au spectacle de ces deux prises de guerre faites au nez et à la barbe de son meilleur ennemi, Vincent Bolloré, un homme auquel il voue depuis bientôt 20 ans quelques ressentiments bien rancis. Martin Bouygues, en effet, n’a jamais oublié, ni vraiment pardonné, ( bien qu’il s’en défende), l’épisode de décembre 1997 qui vit l’industriel breton mettre un pied dans le capital de TF1 au terme d’un pacte d’actionnaires scellé la mort dans l’âme avec le Groupe qu’il préside : une alliance de circonstance imaginée par une éminences, Alain Minc, destinée à verrouiller à l’époque le capital fragile de Bouygues. Vincent Bolloré, qui avait amassé dans le plus grand secret 8,7 % du capital du groupe de BTP s’était vu inviter à entrer par la grande porte au conseil d’administration du groupe familial. Pour Martin Bouygues cette intrusion, aux allures d’agression ou d’OPA rampante, avait été acceptée par crainte de voir un autre prédateur bien plus gourmand encore, Axa, mettre la main d’un coup d’un seul sur l’empire créé par son père, Francis. Vincent Bolloré eut beau tenter de rassurer la famille Bouygues quant à ses intentions, celle-ci s’était faite une religion : ayant mis un pied dans la place, Bolloré allait les dévorer. Il faudra à Martin Bouygues de longs mois de guérilla et le renfort de quelques grands capitaines d’industrie amis pour bouter Vincent Bolloré hors du capital de Bouygues. Mais plus de vingt ans après, cette agression n’a jamais été vraiment oblitérée de la mémoire de celui qui semble prendre un malin plaisir à faire son marché dans les allées du groupe Canal+. Sa prochaine prise ? On évoque le nom de Maïténa Biraben dont Le Grand Journal est menacé. La journaliste figure en tous les cas sur la liste de course des nouveaux dirigeants de TF1.
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