Selon le Figaro, Vincent Bolloré va abandonner la présidence du Conseil de surveillance de Canal dès cet été. Confirmée par son entourage, l’information ne surprendra pas. En première ligne depuis des mois l’industriel a essuyé tous les coups. Car depuis les premières heures de sa prise de pouvoir à la tête de Vivendi, c’est lui et lui seul qui a endossé concomitamment les costumes de PDG, de DRH, de patron des programmes ou encore de directeur financier. Bolloré ici, Bolloré là : l’homme est partout. Pas une décision, de la plus anodine à la plus stratégique, qui ne porte sa griffe. Tenue à bout de gaffe, l’équipe dirigeante de « Canal », (chaîne dont le redressement est en cours, si l’on s’en tient aux propos de Vincent Bolloré devant les sénateurs, qui l’on auditionné cette semaine), s’en est tenue à une feuille de route fixée par le timonier breton.
Le retrait, purement symbolique, de ce dernier s’explique d’une part par une volonté de se protéger et d’autre part, par les enjeux qui l’occupent à la tête de Vivendi. Vincent Bolloré ne pouvait durablement apparaître comme le directeur des programmes d’une chaîne ballottée et dont il doit maintenant s’extraire : ne serait-ce que pour protéger son image et celle du groupe qu’il pilote. Mission accomplie pour celui qui aura radicalement transformé cette entreprise, dont il tente d’ouvrir une nouvelle page. Du Canal+ versus Bertrand Méheut, il ne reste pour ainsi dire rien. Les têtes d’affiches de la chaîne et la quasi-totalité de ses émissions phares (et en clair) ont disparu ou vont disparaître de la grille des programmes. Et c’est un nouveau modèle de chaîne que veut faire émerger celui qui, bien que démissionnaire du Conseil qu’il préside, gardera la main.
De ce modèle en gestation, on en devine maintenant plus que les contours: Moins de stars à l’antenne, des tranches en clair réduites à leur portion congrue. Mais des efforts financiers d’envergure, en revanche, pour redonner à Canal+ du muscle sur les marchés des droits : qu’ils soient sportifs ou autres. Et enfin, des accords industriels majeurs avec d’autres plateformes en Europe, dont celle de Médiaset de Silvio Berlusconi en Italie.
Reconnaissons-lui une chose : Vincent Bolloré, tout au long de ces mois, aura démontré de la constance. L’homme n’a jamais douté de son plan de réorganisation. Rien chez lui n’a été improvisé. Convaincu de la justesse de sa stratégie, notre Robocop s’est attaché à appliquer un plan mûrement réfléchi où l’exigence de rentabilité est mise en avant. Il savait que passées les ébullitions médiatiques consécutives au rabotage ou à la suppression de quelques émissions-phares, le calme reviendrait. Reste à transformer l’essai, à réinventer « Canal », à lui,dessiner des lendemains. Or la pente est raide.
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