Très souvent pointé du doigt par un grand nombre de ses utilisateurs pour le caractère agressif ou insultant de nombre de ses contenus, le réseau social vient de lancer un logiciel permettant de bloquer les tweets provenant de comptes automatiques. Et par là-même de nettoyer partiellement un réseau trop souvent pollué par des snipers dont la seule occupation est de mener des fatwas sous couvert d’anonymat et pas seulement. Si le harcèlement en ligne est une chose qu’il convient naturellement de combattre, la brutalité, la vulgarité, l’intolérance, qui règnent sur Twitter en est une autre. Les dirigeants américains de ce réseau mondial auront beau faire, ils ne régleront pas ce fléau sans une autorégulation de ses utilisateurs, autant dire un vœu pieu. Car ne rêvons pas, le lynchage numérique est devenu un sport planétaire, les mises au pilori en 140 signes sont aujourd’hui monnaies courantes : échafaud digital, Twitter est un monstre qui permet à tous les ramenards de jouer les procureurs.
Le dernier cas en date est celui de Jean-Marc Morandini dont le tête est aujourd’hui promenée sur une pique. Le journaliste d’Europe 1 et de NRJ 12 serait déjà sous les verrous si l’on devait s’en tenir aux sentences prononcées – et au flot de haine déversé- sur Twitter par plusieurs dizaines d’internautes à la gâchette facile. A peine l’encre du magazine Les Inrocks séchée, Morandini s’est retrouvé médiatiquement décapité par ceux-là même qui lui mangeaient dans la main quelques semaines plus tôt. Le parquet n’avait pas encore décidé de l’ouverture d’une enquête que son cas était réglé. Oublié la présomption d’innocence et les contre-enquêtes indispensables et attendues: exécuté d’une pointe au curare par les tribunaux médiatiques, où Twitter mène la danse, Morandini est aujourd’hui un homme seul. « La haine, c’est la vengeance du poltron » a écrit Kierkegaard, or celle qui chemine sur Twitter a quelque chose de terrifiant.
0
Me suivre sur twitter