La polémique suscitée à France 2 suite à la programmation (finalement avortée) d’un reportage sur l’affaire Bygmalion, signé Elise Lucet, vire au vaudeville. Devant le tollé provoqué dans les rangs de Nicolas Sarkozy, qui n’accepte pas la diffusion en l’état d’un tel document, visiblement à charge, en pleines primaires des Républicains, la direction de France Télévisions a finalement décidé de remiser un sujet dont elle a décidé de garder qu’un très court extrait diffusé ce soir. En l’espèce, une interview exclusive de l’un des protagonistes de cette affaire à tiroirs, Franck Attal.
Cette reculade de France Télévisions, où l’on estime que ce compromis est pourtant de nature à calmer les esprits, est l’épilogue d’un feuilleton abracadabrantesque qui aura vu le directeur de l’info de France Télés, Michel Field, jouer les démineurs. Et Elise Lucet, accepter un accommodement forcément insatisfaisant. C’est à Michel Field qu’est revenue la mission de « traiter » Nicolas Sarkozy, avec lequel il entretient de longue date de bonnes relations. C’est à lui qu’a échut la tâche de trouver une porte de sortie honorable, en l’occurrence le rabotage d’un document inacceptable aux yeux d’un Nicolas Sarkozy qui aura obtenu partiellement gain de cause. Au siège des Républicains, l’un de ses cardinaux me confiait ce matin son étonnement quant à la programmation d’un tel sujet, quand des « règles d’équité » entre les différents candidats en lice devraient prédominer.
Pour Delphine Ernotte, cet épisode tumultueux a valeur de baptême du feu. Et il augure mal de ce que chacun redoute à la tête du groupe qu’elle préside: un embrasement des relations avec l’ensemble des ténors de la droite, où chacun entend jouer des coudes à l’approche de primaires absolument meurtrières. Pour preuve, les réactions irritées de Jean-François Copé, François Fillon et d’Alain Juppé, dans l’entourage desquels on pointe depuis ce matin et avec sévérité la «capitulation » de France Télévisions et les oukases du chef de file des Républicains.
Avec cet épisode, Delphine Ernotte découvre un avant-goût du bourbier qui l’attend d’ici à l’élection présidentielle. De fait, jamais PDG de l’audiovisuel public n’aura connu une telle configuration politique, qui voit la gauche, comme la droite, entre-déchirer. Équilibre du temps de parole, traitement des candidats, impartialité de l’information: Réfugié dans un silence tout simplement confondant, le CSA semble, quant à lui, incapable d’organiser la campagne qui s’ouvre. Et c’est donc une pédégère esseulée, observée de l’Elysée et soumise aux pressions de tous ordres qui rentre en ce mois de septembre 2016 dans une zone d’intenses turbulences.
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