C’est une semaine décisive qui s’ouvre pour ITELE, avec les tentatives de médiation des ministères du Travail et de la Culture, qui vont recevoir tour à tour les dirigeants de la chaîne tout-info du groupe Canal+, ainsi que les représentants de ses salariés. Campés, têtes-bèches, depuis plusieurs semaines sur des postions apparemment inconciliables, les uns et les autres semblent incapables de trouver une issue à un conflit qui a pris, au fil des jours, un tour irrationnel. Car la question n’est plus de savoir quand cette crise va-t-elle prendre fin, mais plus important : quelle est le devenir d’une chaîne que ce bras-de-fer plonge dans un abîme d’incertitudes.
Personne n’ose imaginer qu’affectée par une crise sans précédent ITELE puisse disparaître du paysage télé. C’est oublier l’exemple de La 5 de Robert Hersant et Jean-Luc Lagardère, qui s’éteint en 1992 dans une quasi indifférence, après une lente descente aux enfers. C’est oublier la disparition de titres de presse aussi prestigieux que France Soir ou Le Matin de Paris, dont personne n’aurait imaginé la mort, quand leurs salariés en appelaient au pluralisme de l’information et à la sauvegarde de leur métier. C’est oublier, enfin, l’intrusion des géants de l’internet sur ce marché et la multiplication galopante des sources d’informations, qui fragilisent des chaînes en trop grands nombres. Oui, ITELE peut disparaitre sans que personne ne s’en émeuve. La responsabilité de cette grande casse en incombe au premier chef au CSA, qui a beau jeu aujourd’hui de s’inquiéter du sort d’ITELE, après qu’il ait dérégulé comme jamais ce marché, en installant LCI sur la TNT et en laissant France Télévisions créer son propre canal, franceinfo. Ce qui porte au total le nombre des chaînes tout-infos à cinq, si l’on y ajoute France 24.
Unique au monde, cette situation ne peut conduire qu’à un carambolage. Il va sans dire, en effet, que le marché publicitaire ne peut pas absorber une telle abondance. Avec 26 chaînes, la TNT vit aujourd’hui sur des recettes globales de 600 millions d’euros. Trop peu pour faire vivre l’ensemble de ces canaux. Si bien que les plus fragiles d’entre eux ne tiendront pas. En déficit chronique depuis 2011, ITELE voit son modèle dépérir. Et la crise qui la frappe risque de l’entraîner sur une bien mauvaise pente. Avec une quasi- certitude: la mort ou la vente. Cette dernière hypothèse est naturellement la plus probable. Et c’est là sans doute le seul point de consensus, inavoué, entre le patron de Vivendi et des salariés qui appellent secrètement de leurs vœux une cession de leur maison. Car aucune réconciliation semble possible entre une rédaction au bord du sabordage et un actionnaire décidé à porter le fer.
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novembre 14, 2016
Renaud Revel écrit : « La responsabilité de cette grande casse en incombe au premier chef au CSA, qui a beau jeu aujourd’hui de s’inquiéter du sort d’ITELE, après qu’il ait dérégulé comme jamais ce marché, en installant LCI sur la TNT et en laissant France Télévisions créer son propre canal, franceinfo. Ce qui porte au total le nombre des chaînes tout-infos à cinq, si l’on y ajoute France 24. »
Problème : Renaud Revel, qui s’autodéfinit comme « grand spécialiste des médias » semble ne pas savoir que le CSA n’a aucun pouvoir par rapport à la création de radios et télés PUBLIQUES comme Franceinfo ou France 24. C’est le grand malheur du CSA : les journalistes médias en parlent mais ne savent pas qu’il ne peut rien faire si la LOI ne lui en donne pas le pouvoir.