Englués jusqu’à l’étouffement, François Fillon et ses soutiens font du Parquet National Financier, en charge du Penelope Gate, et des médias, leurs cibles favorites. Et la sortie, hier, des avocats de l’ancien Premier ministre n’a fait qu’accentuer le sentiment de panique qui semble habiter maintenant tout un camp : incapables de répondre sur le fond du dossier, les deux conseils de François Fillon, qui réclament le dessaisissement du PNF, ont fait dans le juridisme. Tout en stigmatisant des médias accusés de chasser en meute : d’être le bras armé d’une procédure inquisitoire.
Jusqu’à preuve du contraire, la presse, dans cette affaire, ne fait que relayer des faits. Rien que des faits. Que je sache, François Fillon a confirmé la totalité des informations publiés par le Canard Enchaîné. Pas un seul document à décharge n’a pu être produit, en quinze jours de tumultes, par celui qui crie aujourd’hui au complot. Et jusqu’à preuve du contraire, encore, c’est le Parquet et non les médias, qui a décidé, à la lueur de la gravité des faits incriminés, d’ouvrir une enquête.
Tel un joueur de foot, sifflé hors-jeu, qui s’en prend désespérément au drapeau de l’arbitre de touche, François Fillon tape à bras raccourcis sur une classe médiatique qui ne fait que relater le lent suicide politique d’un dirigeant à la dérive. François Fillon fait penser à François Mitterrand qui, ciblant la presse au lendemain du suicide de Pierre Bérégovoy, parlait des « chiens » à propos des journalistes. Sa manière à lui d’oblitérer sa propre responsabilité dans l’agonie psychologique d’un Premier ministre abandonné sur le bord du chemin, en pleine tourmente.
La presse a toujours bon dos. Et la classe politique, un sacré culot pour s’exonérer à bon compte. Les deux avocats de François Fillon auraient mieux fait de s’abstenir hier. Au lieu de cela, nos duettistes ont expliqué que les parlementaires n’avaient de compte à rendre à aucune juridiction. Qu’un député était libre d’utiliser à sa guise l’argent public. Et qu’au nom d’on ne sait quel régime d’exception, un élu de la République était juridiquement intouchable. Je ne suis pas sûre que ce propos soit d’une grande habilité. Et que ça passe dans l’opinion. A en croire un sondage, publié ce matin, 70% de français souhaitent que François Fillon ne se représente pas.
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