Incident sur le plateau de BFM TV ; charge contre Anne-Sophie Lapix, dans l’émission C à vous, sur France 5 ; critiques de TF1, une chaîne accusée de « rouler » pour Emmanuel Macron ; mises en cause de France Télévisions, un groupe pointé du doigt, à son tour, pour le traitement de faveur ( supposé) réservé au même Macron ; mise en cause de Laurence Ferrari, sur C News, autre journaliste accusée d’avoir déformé certains de ses propos à la fin d’un reportage…Les jours qui viennent de s’écouler ont vu Marine Le Pen et ses principaux lieutenants tirer à boulets rouge sur les journalistes, dont ils étaient les invités.
Pas un jour, en effet, sans que n’éclate un incident, parfaitement prémédité, par une candidate à l’élection présidentielle qui a décidé de faire de la critique des médias et des journalistes un thème de campagne. Cette stratégie du coup de menton est d’autant plus grossière (mais efficace ) que la présidente du FN ne peut se plaindre d’être écartée des plateaux : les relevés du CSA indiquent qu’elle est depuis le 1er février, avec François Fillon et Emmanuel Macron, dans le tiercé de tête des responsables politiques les plus interviewés de cette campagne. Et qu’à la différence d’un François Fillon, passé à la question sur ses affaires à chacune de ses apparitions, Marine Le Pen est relativement épargnée. Dressée sur ses ergots, l’intéressé est d’ailleurs parvenu à museler des journalistes qui n’osent l’asticoter sur ses affaires, quand François Fillon est régulièrement passé au laminoir. Même le très urticant Jean-Jacques Bourdin a renoncé à aller chercher celle dont il redoute les gifles. Par la brutalité de ses attaques et son goût du combat, Marine Le Pen est parvenue à domestiquer une profession le plus souvent émasculée en sa présence.
Marine Le Pen n’est pas la seule à avoir épousé cette posture populiste, qui consiste à faire des journalistes -une nomenklatura complice du pouvoir et des puissants – les supplétifs d’un Emmanuel Macron que les médias auraient déjà sacré roi. A l’image d’un Nicolas Sarkozy, en 2007 ou d’un Edouard Balladur en 1995. Jean-Luc Mélenchon est du même bois: ses sorties à l’emporte-pièce sur les médias et les journalistes, à l’image de celle qu’il vient de faire ce matin sur Europe 1, où on l’a entendu tancer l’un des éditorialistes de la station, sont toutes aussi grossières. Il aura fallu l’excellente réplique d’un Thomas Sotto intraitable pour renvoyer dans ses cordes un Mélenchon sous sédatif.
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