Dans les pas d’Emmanuel Macron…Huit mois durant,Yann L’Hénoret a suivi le candidat d’En Marche, caméra au poing. Résultat, un document exclusif (coproduit par Troisième œil et Dynamite Production), diffusé ce soir sur TF1. Entretien avec lev réalisateur
Quel est la genèse de ce projet ?
Yann L’Hénoret: Tout remonte à septembre 2016, date à laquelle de premiers contacts avaient été noués avec Emmanuel Macron et ses équipes. Lui-même avait été séduit par l’un de mes documentaires précédent, un film sur Teddy Riner. Tout mon propos a été de lui expliquer que je souhaitais dépoussiérer, moderniser, désacraliser l’exercice. Un film uniquement à bases d’images, sans le plus petit commentaire: brut, clinique, dépouillé de toute émotion et avec pour seule bande son, un solo de percussions. A ma grande surprise, il a dit « oui » tout de suite, avec cette phrase : « Je ne peux pas prétendre vouloir faire bouger les lignes et ne pas me prêter à un projet qui s’annonce différent». A partir de cet instant, j’ai eu carte blanche: toutes les portes m’ont été ouvertes, jusqu’au cœur de son premier cercle. J’ai pu coller à Emmanuel Macron avec une liberté que je ne pense jamais vue en pareille circonstance.
Quelles ont été les conditions?
Aucune de sa part. Il a validé, en revanche, toutes les miennes, qui étaient de pouvoir tourner où je voulais, quand je voulais, en toutes circonstances. Et d’accepter le port d’un micro-cravate, qu’il n’a jamais quitté durant ces huit mois de tournage. Je lui avais dit qu’il pourrait le couper à tout moment: non seulement, il ne l’a jamais fait, mais il a même fini par l’oublier. Tout comme moi, qui me suis fondu dans son entourage. En échange, je m’étais engagé à ne pas m’immiscer dans son cercle familial. A ne pas tomber dans la «peopolisation». Aussi insolites soit-il, les seules plans qu’il a refusé, c’était lui en…voiture! « Trop vu en politique », « réducteur », « caricatural »…, il n’en voulait pas ! J’ai été frappé de découvrir à quel point cet homme avait intégré les codes de la communication et de l’image.
Comment s’est déroulé le tournage.
De manière fluide et très organisée. Son équipe me faisait passer chaque jour son programme, par Instagram et je le rejoignais où qu’il soit. Autre chose qui m’a frappé : Brigitte Macron. Celle que les médias ont souvent tendance à présenter comme son mentor m’est apparu, certes omniprésente à ses côtés, mais en aucun cas, dans ce que j’ai pu en voir au quotidien, active sur le plan de l’organisation politique de cette campagne. Quelqu’un d’extrêmement effacée, qui n’a jamais interféré dans mon travail. Au total, ce sont 150 heures d’images, disséquées et minutieusement montées (par Florence Maunier et Stéphanie Dréan), que j’ai pu emmagasiner pour un film, in fine, de 90 minutes.
Quelles sont les moments que vous retenez?
Ils sont nombreux. Il y a le retour du Touquet en voiture, au soir du premier tour victorieux. Quand il s’arrête pour diner dans un restaurant d’autoroute au milieu d’automobilistes, avec lesquelles il va longuement échanger autour d’un plateau repas, avant de filer sur Paris: les quelques rares journalistes présents ont zappé cette étape pour ne retenir que la Rotonde…Il y a cette séquence qui le voit annoncer à son équipe, réunie à huis-clos, le ralliement de François Bayrou, une heure avant que celui-ci ne l’annonce officiellement. Il y a également cette autre scène, très forte, d’un premier cercle liquéfié le jour où la rumeur d’un jet de l’éponge de Fillon et d’une entrée en lice de Juppé enfle dans le Tout-Paris : «Si vous voulez mon avis, Fillon va aller jusqu’au bout » avait-il paisiblement lâché du bout de la table…Et puis, cette autre scène, que j’ai pu filmer, avec les syndicalistes de Whirpool : deux heures d’un face-à-face tendu dans un bureau de l’usine. Plus léger, enfin, cet éclat de rire devant les images des JT, le jour où il s’est pris un œuf, lors de l’un de ses déplacement. Emmanuel Macron, je l’ai découvert au fil des semaines, est un homme qui évacue le stress et la tension par l’humour. Il peut être très drôle.
Les dernières dix minutes du film ?
Elles restent à tourner, dimanche soir. Le jour le plus long : pour lui comme pour ce doc.
1
Me suivre sur twitter