Quelle va être la politique du gouvernement d’Emmanuel Macron en matière audiovisuelle ? A l’évidence très libérale, si l’on s’en tient non seulement aux quelques éléments piochés dans son programme de campagne. Mais également, à ses prises de position quand il était à Bercy.
Allégement des contraintes réglementaires, qui brident le développement du secteur privé, accélération du grand mouvement vers le numérique pour les groupes audiovisuelles, encadrement des actionnaires industriels à la tête de grands groupes de médias, vigilance accrue en faveur de l’indépendance de rédactions soumises à l’autorité de ces mêmes groupes, réforme du périmètre de France Télévisions et du mode de nomination de son PDG….Le catalogue est large.
« La présence d’actionnaires industriels et financiers au capital de groupes de presse est une réponse aux difficultés économiques de la presse. Mais elle est source de soupçons sur la réalité de l’indépendance des rédactions et la liberté de la presse. Quant au secteur de l’audiovisuel, sa réglementation n’est plus adaptée à un environnement ouvert et concurrentiel », peut-on lire sous la plume d’Emmanuel Macron, dans son programme. Le candidat s’engageait notamment à créer un « nouveau statut de l’entreprise de presse, sur le modèle des trusts anglo-saxons pour garantir l’indépendance éditoriale et journalistique ». Manière de répondre ici à l’inquiétude de rédactions placées sous la tutelle d’industriels comme Patrick Drahi, le propriétaire de Libération ou de l’Express.
Mais c’est du côté des médias audiovisuels que les réformes les plus importantes sont attendues. Plus de pub sur les chaînes ( y compris publiques, avec un amendement de la loi Sarkozy, qui a supprimé la publicité sur France Télévisions après 20 heures) : il s’agit dans l’esprit d’Emmanuel Macron de « simplifier la réglementation audiovisuelle en matière de publicité, de financement et de diffusion, pour lever les freins à la croissance de la production et de la diffusion audiovisuelles et préparer le basculement numérique, tout en préservant la diversité culturelle ».
France Télévisions, à cet égard, devrait connaitre de profonds bouleversements, avec moins de chaînes dans son périmètre et un basculement accru vers le digital, à l’instar de groupes publiques étrangers comme la BBC anglaise ou la RTBF belge. Car le cas français est caractérisé par la dilution des budgets, des énergies et responsabilités… Près de 4 milliards d’euros – pas loin du budget de la BBC- émiettés entre différentes entités qui gagneraient à être rassemblées « Nous renforcerons le secteur public de l’audiovisuel pour qu’il réponde aux attentes de tous les Français et accélère sa transformation numérique, en concentrant les moyens sur des chaînes moins nombreuses mais pleinement dédiées à leur mission de service public », écrivait le candidat d’En Marche. France Télés va donc se réformer pour se densifier, avec à la clé une cure de maigreur souhaitable. «Nous rapprochons les sociétés audiovisuelles publiques pour une plus grande efficacité et une meilleure adéquation entre le périmètre des chaînes et leurs missions de service public », peut-on lire, encore.
Vers un pôle public numérique « France Médias » qui, rassemblerait toutes les marques de l’audiovisuel public, France Télévisions, France 24, RFI, TV5 ? Cette réflexion en cours est pourtant combattue par certains contributeurs du secteur, qui ont en prêté la main qau programme d’Emmanuel Macron ? Ceux-ci expliquent en privé que penser reconstituer une BBC à la française (ou l’ORTF pour ceux qui ont de la mémoire), est une idée archaïque. Le monde change et la BBC elle-même évolue dans sa structure et son organisation. Elle vient de fermer sa troisième chaîne…pour la transformer en service online, elle a décentralisé ses activités de production sport et jeunesse à Manchester en créant un énorme cluster médias auquel sont associés, son principal concurrent ITV dans un outil commun de production de divertissements, des startups médias, des sociétés de production de cinéma… A été créé ainsi ex nihilo un pôle de production médias qui a vivifié un tissu urbain touché de plein fouet par la crise industrielle … L’idée d’un « regroupement physique » serait donc une erreur dans un système qui avance vers la désintermédiation et la dématérialisation. Pensons l’avenir de ces groupes à l’échelle du numérique et non comme au temps de Pierre Desgraupes. Rapprocher FTV et Radio France, l’INA, France 24, RFI serait une mesure de cohérence et de rationalité. La plupart des médias publics européens sont regroupés dans entités communes trouvant des synergies efficaces dans la production et l’édition, de contenus ou d’information.
Autre innovation non moins importante, le processus de nomination des PDG de chaînes publiques :
Retirée au CSA, (qui devrait être fusionné avec l’autorité des télécoms, l’ARCEP) cette prérogative sera, comme en Grande Bretagne, dévolue au conseil d’administration de France Télévisions. Emmanuel Macron, qui se montre très critique, en privé, sur les conditions de la nomination de l’actuelle présidente de France Télés, Delphine Ernotte, souhaite que le Conseil d’administration de ce groupe soit « plus indépendant et plus ouvert dans sa composition ». C’est ainsi que des personnalités issues de la société civile y figureront : Et c’est au sein de cette enceinte que seront dorénavant désignés les dirigeants du groupe public, après appel public à candidatures.
0
mai 17, 2017
Qu’il fasse comme Bibi en ISrael qui a supprimé les chaines radios et tv du service public et qu’ils les remplacent par une chaine plus docile au pouvoir. Quoi que ça a déja commencé. Pujadas a été viré.