On pensait la presse américaine sur le déclin, définitivement condamnée à s’étioler sous la poussée d’internet et des médias digitaux, dévorée par les réseaux sociaux et le « tout-infos », bref vouée à la disparition…
Et voilà qu’avec l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, les grandes marques que sont le New York Times, le Washington Post ou le Los Angeles Time, affichent une santé insolente. A la pointe du combat, contre le locataire de la Maison Blanche, depuis les prémices de sa campagne, ces grandes institutions ont recouvré une tonicité et une vitalité jamais vue depuis des années.
Le New York Times, qui ne cesse, mois après mois, d’engranger de nouveaux lecteurs a gagné quelque 296 000 abonnés en ligne sur les trois derniers mois de 2016, (un bond de 19 %). Ce qui correspond aux derniers mois de l’élection présidentielle américaine. Si bien qu’à la fin de l’année 2016, le groupe de presse comptait 1,853 million d’abonnés au seul service en ligne, en hausse de 45,9 % par rapport à 2015. Quand, au total, le groupe de presse affiche un portefeuille d’abonnés supérieur à 3 millions de lecteurs, quand il était d’1,8 million en 1993. Et chaque coup porté par Trump sur ce titre semble lui apporter de nouveaux lecteurs !
Corolaire sur le plan de ses recettes ? La pub sur les supports numériques a progressé de 10,9 % au quatrième trimestre. Si bien que la publicité dématérialisée représente désormais 41,9 % des revenus publicitaires du groupe, contre 34,1 % seulement un an plus tôt. Merci qui ?
Même embellie au Washington Post, qui a réalisé une année de forte croissance en 2016. Surfant sur la campagne américaine, cet autre quotidien a vu sa fréquentation en ligne progresser de près de 50%, ses revenus tirés des abonnements en ligne doubler et son chiffre d’affaires publicitaire sur les supports numériques bondir de plus de 40%. Le nombre d’abonnés en ligne est, quant à lui, en hausse de 75% sur un an. Si bien que le Washington Post est aujourd’hui le 51e site le plus visité aux États-Unis, avec une moyenne de 90 millions de visiteurs uniques par mois.
Donald Trump, qui avait fait de son combat contre ces différents journaux, un argument de sa campagne, semble bien être à l’origine de ce revigorant second souffle. Les soufflantes du Président américain sont comme une dynamo qui produirait de l’électricité et ferait tourner les rotatives…D’une inoxydable pugnacité, ces titres historiques ont ainsi trouvé dans leur opposition farouche au nouveau maitre de l’Amérique comme un nouveau carburant. Et une légitimité toute ragaillardie.
Le Washington Post, qui l’a parfaitement intégré, a d’ailleurs changé de slogan sur son site internet, au cœur de l’hiver: « Democracy Dies in Darkness » (« La démocratie meurt de l’obscurité ») est inscrit en lettres d’or sur la version en ligne du quotidien américain : une expression utilisée par Bob Woodward, éditorialiste du Washington Post et légende du journalisme américain pour ses révélations sur le scandale du Watergate pendant la présidence de Richard Nixon.
De l’anti Trump comme antidote à la crise ? Tout semble indiquer que l’énorme travail d’investigation et d’enquête réalisé par les journalistes de ces deux journaux, entre autres titres aux Etats-Unis, ait redonné aux grands et « vieux » médias américains comme une seconde jeunesse. Réjouissant!
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