Une note explosive, une bombe à retardement et à coup sûre une belle boulette…La publication ce matin par le Monde d’un document confidentiel du ministère de la Culture dressant les contours de ce que pourrait être un audiovisuel publique revu et corrigé à la hache a fait l’effet d’une grenade dégoupillée au beau milieu d’un magasin de porcelaine. Sitôt publiée sur le site du Monde cette note a vu la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, monter au créneau pour tenter d’éteindre un début d’incendie. Elle a voulu d’abord minimiser la portée d’une note qui ne serait, selon elle, qu’un document de travail. Et elle a annoncé, ensuite, le dépôt d’une plainte contre X, suite à cette fuite malencontreuse.
Mais il est trop tard, car le mal est fait. De l‘Elysée à Matignon, on pointe depuis ce matin l’inexpérience et la maladresse d’une ministre dont le cabinet jouerait aux apprentis sorciers. Il est vrai que les pistes envisagées par ce ministère pour réformer l’audiovisuel public ont de quoi surprendre par leur audace : un doux euphémisme. Suppression de France O (on entend d’ici les élus d’Outre-Mer et les personnels des radios et télés de ces départements), transformation radicale de France 4, suppression des bureaux de France 2 en régions, fusions de France Bleu et de France 3, plans sociaux devenus inévitables: si certaines de ces propositions méritent une attention, ce catalogue de réformes prises dans son ensemble s’apparente à une refonte drastique qui ne peut que conduire que sur implosion sociale d’un audiovisuel public sur les charbons ardents dès lors que l’on parle restructuration.
L’exécutif est d’autant plus furibard qu’il a été demandé voilà quelques semaines aux différents patrons de chaînes du Paf (dont Mathieu Gallet et Delphine Ernotte, respectivement PDG de Radio France et de France Télévisions) de travailler à une série de propositions en vue d’une refonte profonde du secteur. Or à en croire cette fuite et la tonalité de ce document, cette consultation ne serait qu’une mascarade et leurs contributions (attendues pour les prochains jours) un chiffon de papier. Bref, une jolie pagaille qui n’est pas du goût du Premier ministre et encore moins du cabinet d’Emmanuel Macron, où l’on s’agace de l’amateurisme d’un ministère dont on critique autant la démarche que la tonalité d’un document jugé « maladroit » et » provocateur ».
0
Me suivre sur twitter