Bernard Arnault ne plaisante pas avec son image et encore moins avec les intérêts de son groupe, LVMH. Mis en cause par Le Monde dans le cadre des révélations sur les Paradise papers, l’industriel du luxe aurait coupé les vivres au quotidien Le Monde, en lui supprimant l’ensemble des budgets publicitaires liés aux différents enseignes de son empire. Selon le Canard Enchaîné, qui révèle l’information, cette sanction se traduirait par une importante perte de recettes publicitaires, de l’ordre de 600 000 euros, toujours selon le palmipède.
Ce n’est pas la première fois qu’un patron sanctionne de la sorte un organe de presse, après qu’il ait eu l’impudence de s’intéresser de trop près à son patrimoine. En revanche, c’est sans doute la toute première fois que l’actionnaire de référence d’un titre de cet importance, qui plus est le propre gendre de son propriétaire milliardaire, Bernard Arnault, laisse sa rédaction travailler en toute liberté et quiétude : sans intervention aucune.
En effet, après vérifications, pas un coup de fil n’a été passé à la direction de la rédaction dans cette affaire par Xavier Niel, puisqu’il s’agit de lui.
Lors d’une récente rencontre avec le fondateur de Free, j’avais été pour ma part frappé pas cette volonté affichée de n’interférer en rien dans la fabrication du Monde. Pour être tout à fait honnête, j’avais vu dans cette profession de foi un simple effet de manche, une précaution de langage : ayant en têtes les ruades d’un Pierre Bergé fustigeant la ligne éditoriale d’un quotidien dont il était également l’un des grands argentiers et qu’il tenta, en vain, de tenir bride courte, je n’imaginai pas qu’il en fut autrement.
Mais le grelot des responsables de la rédaction du Monde n’a pas sonné.
« Vous ne me prendrez jamais en flagrant délit, d’intervention», m’avait calmement lancé un Xavier Niel d’une distance olympienne. Ce qui vient de se produire entre le volcanique Bernard Arnault et le journal Le Monde, dont les finances en cette fin d’exercice 2017 sont mises à mal par ces révélations, en est la concrète illustration. Chapeau bas.
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