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Jean-Jacques Goldman est l’homme de l’année selon le baromètre annuel du JDD.  Quelle étrangeté…Personnalité invisible et mutique, ce compositeur et interprète est une sorte d’ovni. A se demander si cette figure de la chanson régulièrement consacrée par les français, recluse et fantomatique, existe vraiment. Auréolé en raison de son  engagement ancestral et sacerdotal aux côtés des Restos du cœur, celui dont la vie privée est protégé par un  bataillon d’avocats a une popularité inversement proportionnelle à ses apparitions.

Machine à tubes depuis plus de 30 ans cet ermite, dont la communication et l’image sont gérées au cordeau, le lauréat 2017 ne défend publiquement aucune cause, ne s’affiche sur aucune estrade, ne développe aucune thèse, ne s’engage sur rien. Pas une idée, pas une indignation,  pas  un coup de gueule. Encéphalogramme plat ? Insensible à la dévotion des foules, celui qui boude ostensiblement tout rassemblement, jusqu’aux obsèques de Johnny Hallyday, dont il était le talentueux ventriloque, a fait du mystère qui l’entoure une recette marketing. Et de son patrimoine accumulé au fil des décennies un sujet tabou : pas touche ! Que lui trouvent donc les français pour le canoniser de la sorte, lui dont on est bien incapable de faire le portrait, tant le vide qui semble le caractériser est sidéral? Jean-Jacques Goldman est certes la preuve que l’on peut exister médiatiquement en dehors des réseaux  sociaux : mais qui est-il pour récolter ainsi les suffrages de français en panne arguments dès lors qu’il s’agit de faire son éloge?

Goldman est au «star system» ce que Macron est à la politique: une personnalité hors-champs et hors-sol, une icône préservée, sans casseroles et travers apparents, sans histoire ni passé. Deux phénomènes dont aimerait connaitre les gris-gris. Macron et Goldman ? Deux innocents comme tombés du berceau. Deux homes intouchables, rois des sondages, que tout semble épargner. Qui marchent sur l’eau. Miraculeux.