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« L’ urgentiste » Macron au chevet de l’audiovisuel publique

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Par Philippe Kieffer

 

 

Enfin! Il était plus que temps… Il devenait urgent qu’un président de la République ose dire sans détour ce qu’il y a lieu de penser du déclin – et des principales raisons du déclin — d’un audiovisuel public en résumé, selon ses termes: « mal gouverné », « sans projet », « sans synergie », de fonctionnement « incestueux », et sur le dos dusquel vivent et prospèrent des « abonnés à la commande publique ».

Révélée par L’Express, confirmée et détaillée par Télérama, la charge à laquelle s’est livré le chef de l’État en présence d’élus membres de la Commission des affaires culturelles est d’une virulence sans précédent.

Pour retrouver trace d’un aussi lapidaire jugement porté sur le secteur, il faut remonter à l’impitoyable verdict formulé en 1988 par François Mitterrand à l’encontre de la CNCL* (un ancêtre droitisant du CSA) alors qualifiée par lui de Commission « n’ayant rien fait pour inspirer ce sentiment qui s’appelle le respect. » Ramenée aux critiques adressées par Emmanuel Macron à l’audiovisuel public de 2017, la saillie de François Mitterrand fait figure d’indulgente remontrance.

Une exécution en règle

En quelques points et critiques aussi précis que pertinents, l’Élysée vient donc de condamner l’ensemble d’un système — et d’un échec — qui perdure depuis des années. On lui reprochera, on lui reproche déjà, la fulgurante sévérité du propos. On a probablement tort. Une fois n’est pas coutume, ce qui peut paraître excessif par le vocabulaire est ici tout sauf insignifiant. C’est bel et bien de l’exécution en règle d’un système vermoulu et dispendieux qu’il s’agit.

À ce niveau d’offensive présidentielle, équivalent à une vitrification nucléaire du sujet, on pourra longuement (inutilement) ergoter sur le point de savoir si le Président a parlé d’une « honte pour la République » ou s’en est tenu à un « c’est une honte pour nos concitoyens ». Sur le fond, et dans la mesure où l’argumentaire accompagnant le verdict se révèle plus dévastateur encore que la formule controversée, c’est exactement de la même chose qu’il s’agit : la condamnation sans appel de structures et d’équipes dirigeantes déficientes.

Dès lors, se cantonner à l’exégèse du verbatim serait passer à côté de l’essentiel: à savoir ce qu’exprime et annonce ce coup d’éclat et mouvement d’humeur. En quoi il rassemble, pour la première fois dans l’histoire de l’audiovisuel, des critiques clairement exprimées et une prise de position enfin responsable de la part de l’État sur le secteur dont il est l’unique actionnaire.

Bonapartisme

Après les cinq années de regrettable somnambulisme audiovisuel du mandat de François Hollande (dont il ne ressort que la création d’une chaîne, Franceinfo, si maladroitement conçue qu’elle n’existe pour ainsi dire pas), il est heureux qu’Emmanuel Macron se saisisse sans attendre du dossier. Il est tout aussi positif d’entendre formulée l’exigence que soit conduite, dès maintenant, une réflexion en vue d’une réforme, d’une « révolution », sur ce à quoi pourrait et devrait ressembler un service public digne de ce nom.

À l’évidence, la démarche, le ton et le caractère très personnel de l’initiative feront une fois de plus évoquer ce qu’on nomme le « bonapartisme » du nouveau Président. Certes. Et alors? Quand bien même la dureté vindicative des mots à de quoi heurter, car tout est loin d’être « honteux » sur les antennes des radios et télévisions publiques (et il faut être d’une robotique mauvaise foi pour feindre de croire que l’Élysée l’ignore), ce bonapartisme-là est une bénédiction.

Manifestement informé et conscient des maux qui minent l’audiovisuel public, on peut presque dire qu’Emmanuel Macron agit là comme en « urgentiste ». La réforme à venir sera l’opération de la dernière chance. Cette vélocité rageuse à vouloir intervenir pour mettre un terme à ce qu’il est encore flatteur de considérer comme un gigantesque gâchis (d’argent et de compétences) a quelque chose de réjouissant, d’audacieux, et pour tout dire de salutaire.

Pour être de ceux qui, en journaliste, ont eu si souvent à déplorer la faiblesse, le déficit d’imagination réformatrice ou la clientéliste mansuétude — quand ce n’était pas la cécité volontaire ! – du pouvoir à l’égard du dévoiement progressif de la télévision publique, l’heure n’est pas à bouder le plaisir d’assister à un inespéré sursaut de lucidité et, semble-t-il, de volontarisme.

Déflagration

Ce qui vient de se produire offre l’appréciable singularité de rompre avec l’entre soi complice, la benoîte connivence, et la mondaine lâcheté qui a vu, depuis tant d’années, des hommes et femmes politique de ce pays éreinter en privé la médiocre qualité des programmes, les anomalies de fonctionnement d’une télévision, et les dérives d’un système qu’ils continuaient cependant à cautionner, en public, par leur silence, leur immobilisme ou, pire, par leurs décisions.

Nul ne sait encore ce qui naîtra de la déflagration en cours. Ni ce que seront les pistes et options retenues pour la prochaine réforme. Ni quels en seront le calendrier ou les conditions juridiques, parlementaires et financières de leur mise en œuvre.

En dépit de ce flou, plusieurs choses sont certaines. Ce coup de tonnerre et de semonce a valeur d’avertissement sans frais et de feuille de route virtuelle. Il ne fait désormais pas l’ombre d’un doute que le chef de l’État entend suivre personnellement l’évolution du dossier et qu’il a un avis, des souhaits, des convictions sur le domaine en question. Plaisante surprise quand on se souvient de l’inexistence de tout débat et projet sur l’audiovisuel lors de la campagne présidentielle…

L’avertissement, à têtes multiples (si l’on peut dire, s’agissant de celles qui « gouvernent » selon lui si mal l’audiovisuel) c’est qu’il ne tolérera pas d’obstruction à sa volonté de réformer. En exécutant d’aussi preste manière l’équipe dirigeante de France-Télévisions, Emmanuel Macron place sa présidente (Delphine Ernotte) dans une position littéralement intenable. Une situation qui, toutes proportions gardées, n’est pas très éloignée de celle du général Pierre de Villiers, contraint à démissionner après avoir publiquement contesté les choix budgétaires de l’Élysée pour la Défense.

Disparition programmée d’un CSA « caduc »

Le ciel de l’Élysée vient donc de tomber sur sa tête, mais Delphine Ernotte ne peut s’en prendre qu’à elle-même. En s’agrippant à l’idée de voir augmenter la redevance, en agitant l’épouvantail de coupes claires à faire dans le budget de l’information, et en misant – au fond — sur la coutumière inertie du pouvoir, elle s’est elle-même placée dans la seringue de son éviction. Elle n’a ni vu ni deviné où la précipitaient ceux qui lui conseillaient en quelque sorte de « jouer la montre », misant sur le fait qu’il faudrait bien deux ans, sinon davantage, pour que l’État accouche d’une réforme qui ne verrait le jour, somme toute, qu’à la fin naturelle de son mandat à la tête de France Télévisions.

Ce calendrier vient de voler en éclat. La présidence de Delphine Ernotte ne tient plus qu’à un fil. Tout comme s’effondre la prééminence du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel).

En déplorant, parmi d’autres griefs, le caractère « caduc » du CSA (c’est bien le plus charitable et modéré qu’on puisse en dire), Emmanuel Macron vient de tirer un trait sur un organisme qu’il désigne, implicitement, dans la mesure où il s’agit de l’instance qui nomme les président et « régule » depuis trente ans l’audiovisuel, comme largement coresponsable de la « médiocrité » générale et de la « honte » qu’il déplore. Pour qui se souvient de l’opacité comme des discutables circonstances qui entourèrent le choix de Delphine Ernotte, la seule annonce de la disqualification du CSA constitue un notable progrès dans le paysage.

Avec ou sans démenti, avec ou sans débat sur l’exactitude des termes employés, le combatif réquisitoire et la foudroyante sortie d’Emmanuel Macron est une bombe qui donne le coup d’envoi d’une nouvelle ère.

Déjouant tous les pronostics, prenant de court tous les interlocuteurs, dynamitant la forteresse France-Télévisions, coupant préventivement l’herbe sous les pieds de quiconque cherchera à le faire renoncer, le président de la République prend cependant un double risque. Celui de voir se dresser contre lui des forces conservatrices farouchement opposées à tout changement. Mais aussi celui, qui serait fatal à l’avenir même d’un service public, de décevoir en ne sachant ni concevoir ni installer l’ambitieux, mais pour l’instant invisible, projet de « révolution » qu’il appelle de ses vœux.

* CNCL : Commission nationale de la communication et des libertés

PK

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1 Comment
  • Red John
    décembre 10, 2017

    Une remise à plat du service public serait nécessaire tant chez France Television que RadioFrance. Le statut d’Arte de Tv5 Monde ou encore de F24 on pourrait aussi en parler. Sans compter de la numérotation de la TNT. Allouer la premiere chaine à un groupe privée était déjà une hérésie. ça n’existe nul part ailleurs sauf en France. Le service public doit aussi avoir une grand plateforme type Hulu ou Amazone pour diffuser ses programmes dans le monde afin de faire briller la langue française et ses talents!