Le Conseil supérieur de l’audiovisuel va-t-il plier, va-t-il céder sous les pressions de l’Elysée et de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, lesquels estiment que le PDG de Radio France, Mathieu Gallet, ne peut plus rester à son poste? Le CSA peut-il mettre un terme au mandat de celui qu’un premier jugement vient de condamner à un an de prison avec sursis, pour favoritisme, sans que cette décision mette à mal l’image et plus largement l’indépendance de ce collège? Bref, le président de cette institution, Olivier Schrameck, et l’ensemble de ses sages peuvent-ils débarquer sans crainte un dirigeant de chaînes après qu’un membre du gouvernement, inclinant le pouce vers le bas, en ait donné le signal? Ce serait là une première dévastatrice dans l’histoire du CSA…
Si tel en était le cas, les dommages en cascades seraient nombreux :
Pour Emmanuel Macron d’abord, auquel on prête d’être intervenu auprès de la ministre de la Culture pour qu’elle fasse part publiquement de ses réserves à l’égard de Mathieu Gallet et du sort de son mandat. Qu’un président de la République obtienne du CSA la tête d’un patron de chaîne nous renverrait à une période que l’on pensait définitivement révolue. Même Nicolas Sarkozy, au plus fort de sa brouille avec les anciens dirigeants de France Télévisions, Patrick de Carolis et Patrice Duhamel, n’a pas osé franchir ce pas. Et pourtant : détenant les pouvoirs de nomination comme de destitution, il lui aurait été aisé de les démettre d’une pichenette.
Il est au passage pour le moins insolite que le CSA se soit emparé de l’affaire Gallet au lendemain même de la sortie de Françoise Nyssen : comme s’il avait suffi qu’une ministre hausse le ton et que l’Elysée s’ébroue pour que la machine s’emballe aussitôt.
Pour le CSA, ensuite. L’institution a beaucoup à perdre dans cette affaire. Il apparaît en effet impensable qu’on ne laisse pas Mathieu Gallet la liberté d’aller au bout de la procédure, d’épuiser tous les recours que le droit lui accorde et considérer que le présomption d’innocence prévaut pour tout justiciable. Tout comme il apparaîtrait inacceptable que les membres du CSA, en lieu et place d’un juré de tribunal, se substituent à la justice, précipitent son cours et sanctionnent celui dont l’appel n’a été ni instruit et encore moins jugé. Offrir la tête de ce PDG à l’exécutif aurait alors le pire des effets. D’autant que de sérieuses zones d’ombre demeurent dans un dossier qui mériterait pour beaucoup d’être sérieusement revisité.
Pour l’entreprise, enfin. Il va sans dire que débarquer Mathieu Gallet à l’heure où Radio France s’apprête à rentrer dans une zone de turbulences, sur fond d’un projet de loi qui risque de profondément chambouler l’audiovisuel public d’ici à la fin 2018, n’est pas le meilleur des scénario. Attentistes, les syndicats comme les personnels de Radio France s’en inquiètent.
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janvier 28, 2018
Je n’ai pas lu le mot « exemplarité » dans votre ode à Gallet ? Une simple question. Au canada ? au US ? un si éminent patron d’audiovisuel public aurait-il tenu deux minutes après la sentence ? Après Morandini, Gallet, et si un jour vous défendiez des gens respectables ? 2.zoro