Internet est-il en train de sauver les géants des médias du marasme, au lieu de les asphyxier et de les détruire, comme les augures l’annonçaient ? Là où une majorité s’accordait pour affirmer, hier, qu’au nom du dogme de la gratuité les consommateurs ne franchiraient jamais le pas du paiement sur la toile, dès lors qu’il s’agit de produits culturels (musique, films, presse écrite…) la réalité est aujourd’hui bien surprenante: des modèles ont fait non seulement leur preuve, mais ils sont en passe de radicalement transformer l’économie des médias.
L’exemple d’Universal Music, dont on ne donnait pas chère de la peau il y a dix ans, est spectaculaire. Valorisée à près de 20 milliards de dollars, cette filiale cousue d’or de Vivendi pèse aujourd’hui pour deux tiers de la valorisation boursière de sa maison-mère. Et les bons résultats que s’apprêtent à annoncer Vincent Bolloré, fin janvier, doivent beaucoup à la flamboyante santé d’une plateforme musicale à laquelle adhèrent plusieurs centaines de milliers de clients. Qui l’eut cru ? Si Vivendi était valorisé à la bourse de Paris, en 2016, guère plus de 27 milliards d’euros, sa benjamine Universal Music pesait à elle seule 19,7 milliards d’euros. Et le succès revigorant de cette filiale aux nombreuses labels prestigieux (Capital, Grammophon, Blue Note, Polydor…) ne se dément pas. Avec des revenus en progression constante, l’avenir est rose.
Ainsi du streaming qui générait, pour l’ensemble du secteur à travers le monde, 3 milliards de dollars de recettes, en 2016, et qui devrait franchir la barre des 28 milliards de dollars d’ici à 2030, selon une étude de Goldman Sachs. C’est ainsi que tout l’activité et les résultats d’un groupe comme Vivendi s’en trouvent chamboulés : Canal + qui en était hier le fleuron n’est plus qu’une filiale de second rang au sein d’un empire dont internet, avec la musique et les jeux vidéo, est aujourd’hui le moteur.
Et le pli est pris. Cinéma, séries télés, presse écrite…Les succès de Netflix ou d’Amazon, la renaissance de titres de presse que l’on croyait moribonds comme le Washington Post, le New York Times, aux Etats-Unis, ou Le Monde, en France, laissent entrevoir des lendemains chantant. Après deux décennies de tâtonnements les grands acteurs de l’internet semblent avoir trouvé leurs modèles vertueux. Et les consommateurs, le chemin généralisé du paiement.
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