La réforme de l’audiovisuel public avance sûrement, mais à petits pas. Car si celle-ci promet d’être importante, elle va demander du temps à se mettre en place. En effet, Emmanuel Macron est décidé à refondre largement télés et radios publiques dans un nouvel ensemble qui se veut ambitieux. Si dans un premier temps l’exécutif semblait enclin à promulguer, dès l’automne, une loi light, à minima, l’ambition est toute autre aujourd’hui. Fusion du CSA et de l’Arcep, rapports diffuseurs-producteurs, modes de nomination des PDG de l’audiovisuel public, financement du secteur, marché publicitaire, déontologie, périmètre de France Télévisions, chronologie des médias…Les questions et les problématiques sont nombreuses et toutes sur la table. Si bien que la loi en préparation à l’Élysée devrait aller bien au-delà d’une simple réforme visant à remettre d’équerre la télévision publique.
C’est ainsi qu’à la fin avril une première mouture de ce projet de loi devrait être présentée au chef de l’État. Parallèlement, le ministère de la culture de Françoise Nyssen, différentes commissions parlementaires, ainsi que les têtes pensantes de Cap 22 (un « think-tank » créé en octobre dernier par Édouard Philippe, chargée de repenser le modèle l’action publique au regard de la révolution numérique) moulinent des propositions de leur côté. L’ensemble de leurs réflexions et travaux déboulera sur le bureau des conseillers d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe, à l’Élysée et à Matignon, d’ici à la fin de l’été.
Si bien que le calendrier initial, qui voulait qu’un texte soit déposé à l’assemblée à cette date, risque d’être un peu chamboulé. On s’oriente en effet vers un toilettage profond de la fameuse loi de 1986, laquelle ne correspond en rien aux évolutions structurelles et fondamentales qui ont marqué ce secteur depuis 30 ans. La question n’est plus de savoir si Delphine Ernotte est à sa place à la tête de France Télévisions, mais si l’audiovisuel public est suffisamment armé pour affronter les enjeux d’un secteur mondialisé.
C’est donc à l’Élysée que se dessine l’avenir d’un audiovisuel public promis à de profondes réformes. Une certitude : l’exécutif s’oriente vers la création d’une présidence commune réunissant radios et télés. Et non d’une holding, comme évoquée dans un premier temps, coiffant l’ensemble de ce secteur. Retour à l’ORTF ? Si l’idée fait sourire, il semble qu’un tel modèle, dit « à l’anglaise », soit privilégié. De même qu’il semble urgent de procéder à des économies dans un secteur qui est critiqué pour son embonpoint et ses corporatismes ancestraux. Trop de chaînes, trop de monde ! Cette petite musique de fond est fréquemment entendue du côté des pouvoirs publics, de Bercy à Matignon. L’audiovisuel public s’apprête ainsi à subir une réforme de type SCNF : profonde et structurante. Et qu’importent les risques de conflits sociaux ou d’écran noir : avec la TNT, les plates -formes de VOD et quelques 500 chaînes sur le câble et le satellite, la télévision publique et ses cinq antennes est devenu une source de programmes parmi d’autres dont la survie est aujourd‘hui en jeu.
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