Avis de tempête à Monaco où l’ancien procureur de la Principauté, Jean-Pierre Dréno, vient d’être inculpé : un séisme sur un Rocher où l’ensemble de l’appareil politico-judiciaire tremble sur ses fondements. L’inculpation de cette figure de la haute administration monégasque s’inscrit dans le cadre de la rocambolesque affaire qui oppose, depuis janvier 2015, l’oligarque, propriétaire de l’ASM – le club de foot de la Principauté- Dmitri Rybolovlev, au marchand d’art et collectionneur, Yves Bouvier.
A la suite de révélations de la presse, mettant à jour l’existence d’un vaste réseau de trafics d’influence au sein des institutions judiciaires, le directeur des services judiciaires de la principauté, (l’équivalent du ministre de la Justice), Philippe Narmino, avait été contraint, en septembre dernier, de faire ses valises, faisant valoir ses droits à « une mise en retraite anticipée»: un départ précipité sur fond de suspicions et de scandales qui fit grand bruit…
La presse fait en effet état à cette date d’informations embarrassantes pour la police et la justice monégasques. En l’espèce, des centaines de SMS démontrant l’existence d’un vaste réseau occulte œuvrant en faveur du milliardaire Dmitri Rybolovlev, aux prises avec la justice locale qu’il aurait tenté d’influer par différents gestes gracieux: weekend dans la résidence suisse de l’oligarque, à Gstaad, envoi de cadeaux, dîners fins, etc…Plusieurs policiers de haut rang sont également impliqués dans ce vaste scandale aux allures de « Monacogate ».
Mis à jour, ces liens de connivence ont obligé le Prince Albert à diligenter une purge au sein de son appareil judiciaire, avec la nomination à l’automne dernier d’un nouveau patron à la tête de l’institution, Laurent Anselmi. Déterminé, ce dernier passe au Karcher l’ensemble de l’appareil policier et judiciaire: c’est lui qui a notamment donné son accord à l’inculpation de l’ancien procureur. Interrogé par Nice Matin, le 13 juin, Jean-Pierre Dréno, qui n’a pas encore été entendu par un juge, affirme n’avoir « commis aucun délit».
Nettoyer les écuries d’Augias ! C’est le mot d’ordre donné par le Prince qui n’a eu guère le choix : les révélations de la presse, avec l’implication directe de personnages figurant parmi son premier cercle, l’ont sommé d’agir. Or ce grand ménage n’est pas fait pour rassurer un monarque, que ce déballage inquiète en vérité. Jusqu’où cela peut-il mener ? Que sortira-t-il de cette affaire ? La perspective d’un procès public entre Dmitri Rybolovlev et Yves Bouvier affole en haut lieu. Car la convocation à la barre de quelques anciennes figures de l’appareil judiciaire monégasque, dépositaires de nombreux secrets, risque d’être dévastatrice : une bombe à retardement pour la principauté et son Prince. Monaco est un village et la perspective de témoignages publics de la part de dignitaires, de policiers et de margoulins n’est pas de nature à rassurer un Palais où’on a la culture du secret.
C’est ainsi qu’au plus haut niveau du Rocher, on pousse pour un « classement sans suites » d’une affaire qui empoisonne depuis trop longtemps le climat politique monégasque. Plus de procès, plus de scandales…Des pressions discrètes sont ainsi exercées pour que le parquet mette un terme à un feuilleton qui n’a que trop éclaboussé la Principauté. Dmitri Rybolovlev(photo) lui- même sait trop de choses sur Monaco et ses arcanes souterraines pour que le Palais prenne le risque de le voir dégoupiller à la barre d’un tribunal transformé en stand de tir.
Quant aux deux juges d’instruction pugnaces, en charge d’une affaire à tiroirs, qu’ils se sont juré de conduire à son terme, ils n’auront plus qu’à remâcher leur déception et leur colère. Monaco, ce coffre-fort à ciel ouvert, est une Principauté d’opérette qu’il convient de ne pas déranger.
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juin 18, 2018
And that not all … an Transgender Human Rights cases defended by Maître Patrice Spinosi is coming soon