L’annonce est forte et éminemment symbolique. En remettant la main sur la Premier League anglaise de football -le championnat le plus prestigieux au monde- Canal+ lave cet affront subit il y a deux ans : quand SFR avait raflé les droits exclusifs d’une compétition dont les chaines de RMC Sport diffusaient les rencontres.
Dès l’été prochain, en effet, le groupe Canal + retransmettra le meilleur du championnat le plus relevé de la planète. Pour cela, Canal+ aurait déboursé la (modique) somme de 115 millions d’euros : pas de quoi grever son bas de laine.
Si le coup est rude pour l’ensemble Altice-SFR et sa filiale audiovisuelle RMC Sport (qui annonçait hier soir « travailler avec le groupe Canal+ dans l’esprit des accords trouvés autour de la Champions League, afin de permettre aux abonnés RMC Sport de continuer à vivre la Premier League anglaise sur ses antennes après l’été 2019 ») l’annonce est belle pour Canal+. Atteinte, touchée, humiliée à deux reprises avec les pertes successives du championnat anglais et de la Ligue 1 française, de ce côté-ci de la Manche (à compter de 2020) la chaîne cryptée se devait de donner un signal, sauf à mettre en risque son modèle.
Car les dirigeants de Canal+ ont beau clamer que le foot n’est pas vital pour son avenir, personne n’y croit. Avec ses quelques 2 millions d’aficionados (qui s’abonnent spécifiquement pour ce sport) le ballon rond reste un produit d’appel indispensable à l’équilibre financier d’un groupe attaqué sur son autre flanc par les Netflix et autres Amazon, dans le domaine des séries et du cinéma.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si à peine la Ligue 1 attribuée à la surprise générale, au printemps dernier, à l’espagnol Média Pro, les têtes dirigeantes de Canal+ se sont précipitées sur leurs téléphones pour engager des négociations avec le groupe barcelonais, en vue de distribuer dès 2020 sur leur plateforme un championnat dont elle est le diffuseur historique.
Or tout laisse à penser que le français et l’espagnol trouveront un accord.
Mis à mal depuis plusieurs années, Canal+ entrevoie ainsi le bout du tunnel. Non seulement le groupe renoue avec les profits, mais elle engrange de nouveaux abonnés à un rythme soutenu. A cela deux raisons: la remise à plat de sa politique tarifaire, d’abord, avec des offres d’abonnements variées, segmentées et peu chères. Et une politique de distribution de programmes ambitieuse, d’autre part, par l’entremise d’accords de distribution importants avec les principaux acteurs du marché hollywoodien.
De la Formule 1, du golf, de la boxe, du foot…plein pot et un portefeuille de séries et de téléfilms susceptibles de concurrencer (à défaut de les contenir) Netflix et Amazon : c’est là tout l’enjeu et la stratégie que sont fixés les dirigeants d’un groupe- son patron Maxime Saada en tête– qui semble avoir retrouvé la main.
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