La sortie, programmée le 20 février, de «Grâce à Dieu», le dernier film de François Ozon, qui évoque le silence de l’Eglise confrontée à un scandale de pédophilie, soulève une question dont la justice s’est emparée : doit-on autoriser la sortie de ce film, alors que vient de se dérouler le procès d’un petit nombre de prélats soupçonnés, accusés, d‘actes présumés de pédophile ? Ce long métrage, qui raconte la naissance de « l’affaire Barbarin », doit-il être dès maintenant projeté alors que l’affaire elle-même n’a pas été jugée ? Deux procédures judiciaires visent ainsi cette œuvre. Elles émanent des avocats de plusieurs prêtes mis en cause, qui accusent ce film de porter tout bonnement atteinte à la présomption d’innocence de leurs clients. Et ils réclament le report de sa sortie en salles, au-delà de son procès qui devrait se tenir fin 2019.
Les avocats de ce prélat craignent en effet que le film n’influence les juges, procureurs et témoins. Qu’il pèse et influe directement sur le jugement qui sera prononcé cette année, à une date pour l’heure inconnue. La démarche des avocats s’entend d’autant plus que le film de François Ozon est à sa manière une transcription cinématographie de l’affaire Barbarin, dont le personnage figure, sous une autre identité, dans ce film. La concomitance entre le procès qui vient de s’achever et le réalisme de ce film, qui dénonce l’inaction du clergé face à des actes de pédophilie, pose en effet la question de la nécessaire sérénité des débats. L’assignation en référé, déposée devant le tribunal de grande instance de Paris, donnera lieu à une audience de plaidoirie le 15 février, au terme de laquelle le juge tranchera.
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