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«Nous maintenons intégralement. Contrairement à ce qu’affirme l’Elysée, relayé par quelques comparses, notre compte rendu des propos tenus la semaine dernière par Nicolas Sarkozy sur ses homologues étrangers était rigoureusement exacts» Dans son éditorial de ce jour et sous la plume de son directeur, Laurent Joffrin, Libération enfonce le clou.

 

Et la polémique qui s’est enclenchée aux quatre coins de l’Europe, suite de la publication dans les colonnes de «Libé» d’un petit article rapportant certains des propos au vitriol tenus par le chef de l’Etat, à l’encontre de quelques-uns uns des grands dirigeants de ce monde, dont Zapatero, (photo)constitue en soi une première. En effet, il n’est pas dans la tradition des grands organes de presse, européens ou américains, de reprendre de la sorte, sans la moindre distance ni précaution, des propos supposés (et maladroitement contestés à l’Elysée) d’un président de la République en exercice. Que s’est-il passé pour que la presse américaine, notamment, si scrupuleuse à faire le tri entre ce qui relève de propos de tribune ou en aparté,  d’ordinaire si attentive aux règles qui régissent la profession outre-atlantique, ait pris la liberté de canarder de la sorte Nicolas Sarkozy, malgré les dénégations de son cabinet et sur la seule foi de quelques confidences rapportées à un quotidien français?

 

 

 

 

 

 

Faut-il que l’image du chef de l‘Etat se soit à ce point dégradée à l’étranger pour que les médias prennent pour argent comptant la liste des qualificatifs peu amènes utilisés par Sarkozy, et ce malgré le fait que pas un seul des participants à cette fameuse réunion à l’Elysée ne les ait confirmés? Jusqu’à ce matin. Libération, qui parle d’un « reportage ordinaire», est, en tous les cas, à l’origine d’un étonnant précédent: la mutation à vitesse grand V d’un propos de table en une information sitôt relayée par les médias du monde entier.

 

 

Mais Libération a raison en tentant une explication: adepte de la transparence la plus totale et du parler cru, Nicolas Sarkozy, qui s’est affranchi depuis longtemps de tous les codes classiques de la communication politique, est tombé dans un piège qu’il a lui-même contribué à fabriquer au fil des mois. « Il y a du Berlusconi » chez cet homme, écrit Joffrin, qui compare Nicolas Sarkozy à son épouvantable homologue transalpin, lesquels ont semble t-il érigé les petites phrases à l’emporte-pièce et les bons mots en slogans ciselés et pour finir en glossaire. Avec eux, la fonction est dévoyée. Si bien que la réputation de légèreté et l’image de fausse candeur de ces deux dirigeants, passés maître dans l’art de la philippique, ont finit par l’emporter. Ce que l’on n’osait croire, encore hier, en lisant les gazettes, jour après jour, est désormais crédible pour tous: plus de doutev pour l’ensemble des médias, de New York à Paris, en passant par Londres ou Madrid, désormais, quand la presse française rapportera des propos du chef de l’Etat, vrais ou faux on dira, c’est du Sarkozy dans le texte.