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 Donc tout va bien…Comme s’ils avaient le sentiment de s’être trop appesantis sur la crise en développant un climat anxiogène, les médias entonnent depuis quelques jours, dans un grand mouvement d’acte de contrition, un autre refrain: l’ouragan, pire, le Tsunami, qui devait balayer la planète il y a encore quelques semaines, aurait subitement perdu de son intensité pour se transformer en une brise légère. La crise, cette baudruche, serait donc derrière nous et avec elle son cortège de dépôts de bilans : c’est tout juste si l’on ne nous dit pas que l’augmentation du chômage, les fermetures d’usines et les plans sociaux, ne seraient plus qu’un lointain mirage, un mauvais rêve.

 

Interrogés sur la question, les Français ont une nouvelle fois, dans leur majorité, accusé les médias d’avoir aggravé la situation économique en développant un climat d’anxiété dans le pays, préjudiciable à la reprise économique. « Où s’arrête l’information et où commence la course à l’audience», s’interrogeait ainsi, hier dans Le Figaro, la très libérale présidente d’Ethic, Sophie de Menthon, qui accuse la presse d’accroître « la recherche du sensationnel autour des listes des plans sociaux » : Les salariés sur le carreau apprécieront…

On est frappé par la bêtise de tels propos. La télévision qui, est un vecteur puissant, à l’effet de loupe indéniable, ne fait que refléter une réalité brutale: celle d’hommes et de femmes fauchés par la crise. Et c’est parce que la télévision s’est appesantie, à juste titre, sur un conflit comme celui de Continental que la classe politique, jusqu’à Nicolas Sarkozy, s’en est finalement saisie: le contraire, à savoir le silence, l’omerta, aurait été coupable. Le poids et la force des images…

 

 

 

 

On pourrait reprocher aux chaînes de télévision d’avoir sans doute diffusé un trop grand nombre de sujets sur les séquestrations de patrons et d’avoir peut-être contribué, par là, à leur contamination, bref, à les développer. Mais force est de reconnaître que la présence de caméras sur les lieux mêmes de ces «prises d’otages» a souvent permis de débloquer certaines situations et de favoriser la reprise du dialogue social. Il faudrait peut-être interroger les syndicalistes invités dernièrement sur le plateau du Grand Journal de Michel Denisot et dont les patrons venaient d’être séquestrés, pour savoir s’ils regrettaient la présence de caméras et la diffusion de sujets les concernant. Là aussi, la médiatisation de telles opérations a obligé un patronat souvent rétif à relâcher la pression et à entrouvrir la porte de négociations jusqu’ici bloquées.

 

On le voit, la question de la couverture de la crise par les médias est plus complexe qu’il n’y paraît. Et désigner, pèle-mêle, à la vindicte, journalistes et chroniqueurs économiques, est non seulement réducteur, mais indigne. Et ce discours est d’autant plus dangereux qu’il tend à dédouaner les premiers responsables d’une crise mondiale qui n’a hélas pas dit son dernier mot : Des politiques, trop heureux de faire ainsi diversion et de trouver avec la presse un joli bouc-émissaire.