Chaque lundi, Philippe Gavi livre son regard sur un fait d’actualité de son choix.
Je tombe des nues quand je lis dans Le Monde qu’au terme de son voyage de huit jours au Proche-Orient, Benoit XVI a enfin « durci » le ton à propos de la Shoah. « Votre déclaration (…) a touché nos cœurs et nos esprits », a déclaré M. Pérès. Qu’a donc déclaré le souverain pontife ? Il a évoqué sa visite à Auschwitz : « C’est là que tant de juifs (…) ont été exterminés brutalement par un régime sans Dieu qui a propagé une idéologie d’antisémitisme et de haine. Ce chapitre épouvantable de l’histoire ne doit jamais être oublié ou nié ».
Je ne suis pas certain que nos amis sionistes aient raison de se satisfaire. Certes le pape condamne le négationnisme ; mais le terme « chapitre » (mot qui évoque indifféremment un Livre sacré, l’enseignement de l’histoire et la lecture d’un bouquin) signifie que l’histoire ne s’arrête pas à un seul chapitre, fut-ce la Shoah. Il traduit une évidence d’historien, universelle : AUCUN chapitre de l’Histoire, épouvantable ou non, ne doit être oublié, nié ou clos.
Je me réjouirais de cette vision laïque de l’épopée humaine si elle ne se doublait pas d’une lecture de boutiquier de Dieu. Qu’entend le saint Père quand il identifie le nazisme à un « régime sans Dieu » ? Vivre sans Dieu induirait d’être sans foi ni loi ? Si on s’en réfère à l’expérience, des régimes avec Dieu et des régimes totalitaires sans Dieu ont exterminé des populations entières avec la même féroce haine A tirer un enseignement de tous les chapitres écoulés, pour nous autres terriens, ça se passe toujours mieux quand les lois humaines prévalent sur les lois de Dieu, l’Etat de droit sur l’Etat totalitaire, la personne sur le dogme. Ce sont leurs actes qui font de certains des Justes, pas les écritures sacrées. Des croyants ont été nazis, d’autres ont été des résistants.
Benoit XVI a dit aussi qu’en passant le long du mur, il a « prié pour un futur dans lequel les peuples de la Terre sainte pourraient vivre ensemble dans la paix et l’harmonie sans avoir besoin de tels instruments de sécurité et de séparation ». Les autorités israéliennes s’étaient pourtant évertuées à ce que leur visiteur ne fasse pas un discours devant le mur. Sous emballage d’une formule à l’œcuménisme convenu (qui vaut pour tous les peuples de la terre), Benoit XVI reconnait aux Palestiniens le droit d’être un peuple, et un droit sur la Terre sainte, à égalité du peuple israélien. Pour ne pas fâcher, il concède que les autorités israéliennes peuvent justifier par des raisons sécuritaires cette monstruosité de fer, de béton, de barbelés qui interdit aux «arabes » de circuler librement à Jérusalem, mais pourquoi ajouter « de séparation », comme s’il existait des murs qui ne séparent pas ? A-t-il voulu suggérer que le mur peut être aussi l’instrument d’un apartheid ?
Je mets dans le même sac de l’épouvantable les plus orthodoxes du « peuple élu » qui instrumentalisent la Shoah en s’efforçant de pousser un peu plus loin le mur de la colonisation, et les partenaires antisémites de Dieudonné qui instrumentalisent l’antisionisme et les souffrances palestiniennes en insinuant que « les gangsters qui dirigent le monde » sont à l’origine de la grippe porcine. PG
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mai 18, 2009
La chronique de Philippe Gavi a-t-elle un rapport quelconque avec le blog de Renaud Revel? Car Philippe ne décrypte pas l’information, il en use pour faire des tribunes.
Pourquoi pas, me direz-vous?
Alors soit.
Mais de grâce, évitons les banalités. Le blog de Renaud Revel informe avec talent sur le monde des médias. Si ce blog décide de traiter chaque lundi un sujet de société, qu’il y mette de la finesse, non?
En l’occurrence, Benoît XVI mérite un peu plus que 3 banalités.
Il mérite par exemple qu’on comprenne l’acte de foi d’un pape. Benoit XVI critique un monde sans Dieu puisqu’il aspire avec force et espérance à la lumière de Dieu. Un pape n’est ni athée ni relativiste. Il a la foi.
Pour le reste, vous considérez le discours du pape sur la mur comme assez banal. N’oubliez pas que vous parlez de son dernier discours devant des responsables politiques. Le pape a eu au Saint-Sepulcre une réponse beaucoup plus originale. Une réponse de foi: l’espérance de paix, c’est le Christ.
Évidemment, cela intéresse moins les non-croyants.
Mais finalement, Renaud Revel devrait y réfléchir dans un blog dédié aux médias : les médias attendent le pape sur les juifs, les musulmans. Mais ils se fichent comme de l’an 40 qu’il s’adresse avant tout … aux catholiques !!!
mai 18, 2009
« vos amis sionistes » (pourquoi ne pas dire tout simplement israélien ou juif au lieue du fourre-tout « sioniste) » et le « peuple élu » n’ont que faire des conseils venant d’un apologiste d’Ahmadinejad, le chef mondial du négationnisme.
février 13, 2010
pauvre con renaud Revel, Taddei meilleur que toi
juillet 19, 2010
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