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Nicolas Sarkozy doit-il subventionner Edwy Plénel?

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C’est une déferlante sur la Toile, une colère qui se répand telle une traînée de poudre. Pour la première fois, en effet, les entreprises de presse sur Internet (Rue89, Mediapart et consort) vont pouvoir bénéficier d’aides de l’Etat (60 millions d’euros d’aides au total, sur trois ans), au même titre que les journaux, et cela à travers la mise en place du Fonds d’aide au développement des services de presse en ligne (SPEL). Si ce dispositif résulte de négociations issues des derniers Etats généraux de la presse, il déchaîne de vives réactions chez un grand nombre d’internautes qui y voient un dévoiement de ces sites et une tentative de main-mise déguisée de l’Etat. Le débat, qui est loin d’être clos, soulève de vraies questions et en dit long sur la curieuse perception qu’ont les Français de ces sites d’information accusés aujourd’hui de se tourner vers l’Elysée pour tendre la sébile, de rentrer dans le rang, alors qu’ils continuent d’incarner aux yeux d’un certain nombre de leurs lecteurs une information alternative affranchie du pouvoir de l’argent et de l’influence du politique.

image-1_1214196105.pngOn s‘aperçoit ainsi à l’occasion de ce débat combien les Français manifestent toujours de la défiance à l’égard des médias dits traditionnels et combien Internet continue d’incarner à leurs yeux une oasis de liberté et d’indépendance. Bref une source d’information auréolée de toutes les qualités: fiabilité, rectitude, impartialité, indépendance et j’en passe. Que de clichés!

C’est oublier d’abord, en effet, que la totalité de ces sites, dont on  ne peut pas nier qu’ils contribuent à la diversité et à l’enrichissement de l’information, ont été lancés par des journalistes venus de la presse traditionnelle. Et qu‘à ce titre, ils ont transposé sur la toile ce qu’ils faisaient tout aussi bien dans les journaux auxquels ils collaboraient, qu’il s’agisse de Libération, du Monde, du Figaro ou du Canard Enchaîné.

Quelle est la différence entre le Edwy Plénel du Monde et celui de Médiapart? Même pugnacité, même carnet d‘adresse, même pertinence, même tropismes aussi, la visibilité et l’influence en moins. Même chose pour Pierre Haski de Rue 89 ou de Nicolas Beau de Bakchich: bons journalistes, hier, ils le sont restés aujourd’hui et ce qu’ils font sur la toile est un bon copié-collé de ce qu’ils faisaient dans les différents journaux auxquels ils ont longtemps collaboré. L’information qu’ils dispensent est conventionnelle, sérieuse, classique, pertinente certains jours, moins d’autres jours. Et pour tout dire, en tout point fidèle à ce que l’on enseigne dans les meilleures écoles de journalisme de ce pays. Nous avons donc ici affaire à des entreprises de presse qui font commerce d’une information lambda dispensée en direction d’une clientèle de lecteurs qui attend avant tout de la qualité.

Or en France, il est une vieille tradition qui veut que l’Etat impartial ait toujours soutenu la presse écrite dans son ensemble, qu’elle soit de gauche ou de droite. Placés sous perfusion d’argent public, l’Humanité et Libération, pour ne citer que ces deux seuls titres, auraient disparu depuis belle lurette si Matignon, période Chirac, Balladur, Jospin ou encore Fillon, n’avait pas mis la main à la poche depuis plusieurs années. On peu d’ailleurs se poser la question avec un brin de cruauté: que vaut un journal sans lecteurs dont le modèle économique repose essentiellement sur des aides de l’Etat? A cela on pourrait rétorquer que le gouvernement et le ministère de la Culture s’honorent en garantissant ainsi le pluralisme de l’information et qu’il est dans le rôle des pouvoirs  publics de jouer les béquilles pour des titres à l’agonie, comme «L’Huma ».

Ainsi Médiapart, Bakchich ou Rue 89, qui se battent non sans talent pour se maintenir, ne doivent pas échapper à la règle. Qu’importe leurs lignes éditoriales, ils sont en droit de percevoir des aides, au même titre que la presse classique. En matière information, Internet est ainsi une grande illusion. La toile n’a jamais été véritablement une alternative ou un contre-pouvoir: une fenêtre ouverte, un outil de désenclavement, une soupape et un formidable instrument contre la censure dans des pays claquemurés, oui. Mais pas au point de faire mieux que le bon reporter du Figaro, de l’AFP ou du Monde, dépêché sur le terrain. L’information reste un métier fait de règles simples où la meilleure plume, l’édito le plus ciselé, ne remplaceront jamais les quelques lignes de l’agencier ou du reporter de base, témoins privilégiés d’un événement.

Et ce n’est pas un hasard si le marché de l’information sur la toile opère depuis quelques mois un violent mouvement de concentration. On assiste en effet à une explosion des volumes de fréquentation des sites rattachés à des titres aussi classiques que ceux du Figaro, du Monde, du Nouvel Obs ou de l’Express. Un mouvement identique à celui observé aux Etats-Unis où les sites appendices de titres comme le New York Times, Times Magazine ou News Week, raflent la mise. Ce que les Américains appellent la « prime à la marque ». Ou la théorie des pots de confitures. Je m’explique. Une grande chaîne de distribution aux Etats-Unis a fait cette expérience : elle a installé un matin, cote à cote, deux pots de confitures d’orange de marques différentes, l’une très connue, l’autre plus confidentielle. La première raflée 60% du marché, l’autre 40%. Le lendemain, le magasin a installé 50 pots de marques différentes. Que s’est-il passé ? Là où on pouvait imaginer une dispersion du marché, la marque leader a raflé 90% de la gamme, les autres se disputant les miettes. Moral de l’histoire: un trop plein d’offres déstabilise le consommateur qui, noyé sous les propositions, se réfugie auprès de ce qu’il connaît et identifie. Appliqué à la presse sur Internet, ce raisonnement fait des ravages et l’on devrait assister ainsi à des mouvements de concentration massifs dans les années qui viennent.                 

Les groupes de presse français ne s’y sont pas trompés, qui mettent les bouchées doubles. Mais il ne faudrait pas que ce système d’aide en direction de ces sites d’infos soit détourné de son objet. Et que ce soient les grands groupes de presse comme Bayard, Le Figaro ou Lagardère Active, qui ramassent l’essentiel de cette manne afin de développer leurs stratégies Internet. Et ce au détriment de tous ceux qui se retroussent les manches depuis maintenant des années sans entrevoir le bout du tunnel. Il en effet à craindre que les premiers flibustiers de l’info sur la Toile ne ramassent que les miettes.
 

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4 Comments
  • anonyme
    janvier 13, 2010

    Trop d’informations tuent l’information.

  • anderea
    janvier 13, 2010

    *c’est un peu ça même si des journaleux restent dans l’analyse sans intention d’orientation élyséenne; on a peu le sentiment que la coupe est tendue pour collecter l’aumône.mais pas trop le choix non plus !
    -un journaliste qui est aussi assistant d’un ‘umpetiste’ n’a pas la même analyse par exemple.
    l’augmentation des lecteurs :ce qui fait la différence c’est que le journal est inter- actif et réactif …pas toujours compris par l’ensemble des scribouillards mais tant que les lecteurs seront respectés dans ce domaine !..

    je suis d’accord que trop de choix tue le choix.
    -mais pourquoi leader c’est quand même de la m…. pour pas mal de produits cela voudrait dire qu on achète moins cher et qu’on s’habitue à manger n’importe quoi
    *c’est le risque encouru que ces sites d’infos soient détournés de leurs objectifs, ils ont dû y réfléchir à vous d’être vigilants ..

  • Pierre Puchot
    janvier 13, 2010

    Une petite précision toute personnelle en réaction à votre titre ainsi qu’à la première partie de votre article qui, vous le comprendrez peut-être, m’agacent un peu : Mediapart, ce n’est pas qu’Edwy Plénel et « son carnet d’adresse » -certes précieux-, c’est aussi une équipe de 25 journalistes qui se bat pour faire exister un média, pour enquêter, pour construire autre chose, et ce depuis près de deux années maintenant. « Sarkozy doit-il subventionner Edwy Plénel »… ce titre n’a pas de sens, et perpétue une personnalisation que je trouve stérile et qui nuit, du moins il me semble, à la portée du débat…
    Bien cordialement

  • Lo
    janvier 17, 2010

    Le problème est que les internautes se méfient justement des regroupements. Tel journal appartient à tel groupe de presse lui-même propriété de tel groupe industriel dirigé par xxx lui-même ami de tel homme politique.

    Ce qui est intéressant dans la démarche de Médiapart par exemple c’est que ce journal souhaite appartenir plus à ses lecteurs qu’à un richissime industriel dont les idées et l’influence sont clairement identifiées. En tant que lecteur je me fie plus au Canard enchaîné, au Monde diplomatique ou à Médiapart qu’aux autres média. Que leur support soit le papier ou le web importe peu finalement.