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Les scores d’audience de la Ferme Célébrités ne sont pas bons. La programmation n’est pas une science exacte mais quelques grossières et surprenantes erreurs, vu le professionnalisme de TF1, me semblent expliquer le flop  Je ne parle pas du démarrage, laborieux et indigeste, ni de l’improbable tandem à Paris Castaldi-Foucault.
D’abord mettre en opposition quatre chefs et les fermiers est un contre sens. Le jeune  public de la télé réalité n’aime pas l’esprit adjudant chef, même si c’est pour rigoler, en principe du moins, parce que ça ne rigole pas du tout entre les candidats. Je me souviens d’un jeu ambiance Moyen Age : un roitelet et sa cour traitaient comme pis que pendre les manants. Après quelques épisodes calamiteux,  l’émission a été passée aux oubliettes.

Ensuite, le casting n’est pas bon. On se croirait dans une maison de retraite. Mêmes les plus jeunes font vieux. En plus qu’il fait 50 degrés. Le personnage que la production a voulu mettre en avant est insupportable. Même le néant paraitrait plein en comparaison. Je parle de Mickael Vendetta, 23 ans, autodit Bogoss. Lui s’est taillée une célébrité à partir de son blog hébergé par Sky Rock, et des plus visités pour les amateurs de vide sidéral. Je vous cite les derniers propos de l’inventeur de la Bogoss Attitude. « Ma personnalité est tellement forte que l’émission tourne autour de moi, à tel point que la plupart des autres deviennent transparents ». Encore : « Je suis un phénomène de société ». Encore : « Si je n’avais pas de talent, je serais bien incapable d’intéresser les gens ».  Et de se réjouir de « l’engouement autour de mon personnage ».

Une altercation entre Vendetta et  David  Charvet résume la situation. Bogoss : « Vous êtes nuls, tous des has been ». Charvet : « Toi, tu n’es même pas un has been, tu n’as jamais rien été ».
Le traitement des J.O. de Vancouver par les chaînes publiques n’est pas plus brillant. Les horaires décalés ne facilitent rien, mais quand même, les animateurs ne cessent de meubler l’antenne avec des inepties, genre décontraction maximale. La présence de quelques stars ne relève pas le menu, surtout quand il s’agit de Philippe Candeloro.
Le parti pris cocardier tourne parfois à l’hystérie. Que chaque pays mette en valeur ses équipes, c’est normal, mais pouvoir dire qu’untel a fait un résultat remarquable en se classant 19 ème, c’est trop. Et quand on a un médaillé, les animateurs étirent cette victoire comme on mastique pendant des heures un chewing-gum. Un détail ne trompe pas : le mot « énorme » revient sans cesse dans les commentaires.

Puisque j’en suis aux ratés, vous regardez la télé, et subitement, une voix dramatique s’élève . « Un enfant a été enlevé ». Une bande annonce défile en bas de l’écran : les personnes qui tomberaient sur le ravisseur sont priées de téléphoner, ou d’envoyer un courriel. Je crois rêver.. Il faut faire [email protected]  Serait-ce si difficile de trouver une adresse plus courte et mémorisable ?
Je reviens au nationalisme. Jérôme Bourdon, qui vient de publier un livre formidable «Le récit impossible : le conflit israélo-palestinien et les médias »  (INA éditions) et qui vit à Tel Aviv depuis 12 ans m’a raconté que le pays a été inondé d’images montrant les gentils soldats israéliens secourant les petits haïtiens. « Le gouvernement israélien a trouvé là l’occasion de revaloriser l’image de l’armée », me di-il. Tous les pays ont fait pareil ; de la communication par l’humanitaire. Un zapping là-dessus serait génial.
Mon ami sociologue des médias m’apprend aussi qu’il y a sur une chaîne israélienne un jeu de télé réalité qui s’appelle « l’ambassadeur ». Le gagnant est celui qui représente le mieux Israël dans le monde. Les israéliens qui ont assassiné un cadre du Hamas dans sa chambre d’hôtel à Dubaï, ont peu de chance de remporter le titre d’ambassadeur. Et pourtant, ils ont tout fait pour être filmés par les caméras.Philippe Gavi