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Les journalistes de France Soir, dont le directeur de la rédaction, Christian de Villeneuve, a été remercié la semaine passée, auront tout vu ces derniers jours. Réunis hier en assemblée générale, ils ont entendu leur propriétaire, le russe Alexandre Pougatchev, démentir l’idée selon laquelle le quotidien créé il y a plus d’un demi-siècle par Pierre Lazareff, deviendrait sous peu un clone du Sun, Anglais ou du Bild, Allemand, avec l’espoir de dénicher de nouveaux lecteurs sur le marché de la presse « ultra-popu ».

Peu convaincue, la rédaction a vu ensuite le même Pougatchev dresser un portrait hagiographique du directeur qu’il venait de limoger, expliquant que le redressement de France Soir lui était entièrement crédité! Les bras en sont tombés à quelques-uns parmi les journalistes réunis, qui ont aussitôt demandé les raisons de cette éviction? Incompatibilité d’humeur, divergences quant à certains aspects marginaux de la ligne éditoriale, les raisons invoquées sont apparues alambiquées, confuses et pour le moins embarrassées.

En vérité, il semble qu’Alexandre Pougatchev, absent de Paris au moment de la crise qu’il a lui-même provoqué, n’en est pas mesuré très bien l’impact, sur le moment. La simple hypothèse de transformer France Soir en un journal «trash», _ projet en vérité dont il rêve secrètement, conseillé en cela par quelques anciens cadres du journal Bild _, a suscité de telles réactions d’indignation qu’il lui a fallu battre en retraite. Au point même de proposer à celui qu’il venait de limoger, Christian de Villeneuve, de devenir son conseiller! Ce que ce dernier, ulcéré _ et on le comprend_ a refusé.
Confiée à Rémy Dessarts, _ un ancien dirigeant du magazine Capital, passé par l’Equipe _ la rédaction de France Soir vit, depuis lundi, dans l’expectative.

Dessarts qui s’est défendu, la main sur le  cœur,  de vouloir dévoyer la formule mise en place par son prédécesseur, n’a pas entièrement convaincu non plus. D’autant que certains journalistes de la rédaction se sont vus inviter à se rendre en Allemagne afin de se rendre compte de la qualité des «process» de fabrication du fameux quotidien Bild.

En attendant, Pougatchev n’en démord pas : décidé à booster les ventes de son journal, il dit viser la barre des 150 000 exemplaires , à l’horizon de la fin 2011. Un objectif qui ne peut être atteint que par une nécessaire inflexion de la ligne éditoriale. Reste à savoir où placer le curseur, jusqu’où Pougatchev et son nouveau directeur comptent-ils emmener un titre, dont l’image et les ventes se sont nettement redressées depuis le printemps? Réponse en kiosque dans les semaines qui viennent.