Avec la TNT et la multiplication des supports de diffusion, producteurs et animateurs ont appris depuis quelques années l’humilité. On ne compte plus les gadins d’audience et chaque innovation comporte sa part de risques. Marc-Olivier Fogiel en a fait la rude expérience, hier soir sur France 4, avec son programme, pourtant original et réussi, Qui veut devenir président? Décevante, l’audience, (aux alentours de 200 000 téléspectateurs), n’est pas conforme à sa bonne facture et aux bons échos qu’elle a recueilli toute la soirée sur les réseaux sociaux, (Twitter notamment), Oui, l’émission, de bonne qualité, méritait bien mieux, compte tenu de son originalité et de l’excellent apport d’un jury composé de briscards du journalisme politique, – Michèle Cotta, Alain Duhamel, Jean-Pierre Elkabbach et Catherine Nay.
Se pose alors naturellement la question du choix du diffuseur : On n’attendait pas, en effet, un programme de ce type sur une chaîne de ce profil, à l’identité si confuse.
Car, qu’est-ce que France 4? La question a été maintes fois posée. Faut-il toucher au périmètre de France Télévisions, revoir son organisation et le nombre de ses antennes? Cette autre interrogation revient régulièrement. En effet, l’idée traine: elle germe à gauche, comme à droite. Et revient à chaque fois sur le tapis la question récurente de l’existence et de la spécificité de cet appendice de « France Télés »: un Ovni dans le Paf.
« Chaîne de la jeunesse (…), dont la vocation est d’attirer et de fidéliser les jeunes (…) en exposant les nouveaux talents des scènes actuelles (musique et spectacle) », comme l’indique sa Convention, – sa feuille de route-, signée avec le CSA, France 4 déconcerte. Faute d’un budget conséquent et parce que soumise à des contraintes budgétaires et d’audiences importantes, cette chaîne en vient à fabriquer une grille de programmes souvent illisible. La faute en incombe moins à ses responsables, qui tentent l’impossible, qu’au régulateur,(le CSA) et à l’Etat actionnaire, qui ne remplissent par leur rôle.
On est loin en effet de la promesse faite et du cahier des charges d’une chaîne, réinterprété et revisité au fil des années. Car certains constats, sans appel, s’imposent. Ainsi, 60% des spectacles, diffusés cette saison, sont des rediffusions. Et moins de 30% du total de ces productions sont des inédits. Coté spectacles scéniques, la grande majorité des artistes retenus par la chaîne ne sont pas de jeunes pousses en herbe, mais le plus souvent des artistes confirmés, parmi les plus connues et les plus aguerris du métier, telles Gad Elmaleh, Dany Boon, Patrick Timsit ou encore, Shirley et Dino…
Concernant l’obligation faite, par ailleurs, à France 4 de programmer des événements musicaux aux heures de grande écoute, force est de constater, là aussi, un sérieux décalage avec la réalité de cette antenne. Taratata, auparavant programmé en prime, est désormais diffusé en 3ème partie de soirée, le vendredi. L’émission Monte le son, annoncée à la rentrée comme un grand rendez-vous musical, à 18h le samedi, a finalement été reléguée en 3ème partie de soirée, le mercredi après 2 mois de diffusion. Et tous les festivals proposés par la chaîne sont diffusés le plus souvent au-delà de minuit.
Tout cela n’aurait rien de choquant, si cette chaîne de service publique avait affiché la couleur à sa création. Il n’était pas idiot d’imaginer, en effet, une chaîne vitrine, qui soit une compilation enrichie de ce que l’on peut trouver de mieux sur l’ensemble de la palette de France Télévisions. Au lieu de cela, France 4 a lentement dérivé pour offrir aujourd’hui l’image d’une chaine composite, un peu fourre-tout, notamment championne du Paf pour la diffusion de séries Américaines. Avec 8h45 de séries US quotidiennes, en moyenne, France 4 devance, en effet, et dans l’ordre, TMC, (6 heures), M6, (5h40), NRJ 12 (5h25), NT1, (5h20) et Direct 8, (3h45), comme en témoigne ce graphique.
Est-ce la vocation de cette chaîne ? Bien évidemment non. Du coup, certains, notamment à gauche, voudraient voir transformer radicalement France 4 en une chaîne 100% jeunesse. Je ne suis pas convaincu que l’idée soit bonne, compte tenu de l’existence d’un très grand nombre de canaux sur ce créneau-ci. Mais à force de jouer avec le feu et sa Convention, France 4 risque bien de se retrouver un beau matin condamnée à opérer une mue douloureuse.
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avril 11, 2012
« Michèle Cotta, Alain Duhamel, Jean-Pierre Elkabbach et Catherine Nay »
ces noms m’ont fait fuir. Je n’ai pas de temps à perdre à regarder des vieux de la vieille qui pérorent sur des idées d’il y a 30 ans.
avril 11, 2012
Pour l’honnêteté, un petit article sur les différences entre les antennes actuelles des chaînes privées de la TNT et ce que prévoyaient les conventions d’origine du CSA. On devrait bien rire. On pourrait remonter aussi jusqu’au dossier de TF1 sur le mieux-disant culturel pour comparer à sa grille actuel. Là aussi le comique est garanti.
Quel magnifique système que le nôtre où les chaînes privées ont tous les droits, et les chaînes publiques aucun.
Et si qui que ce soit a un doute sur ce qui remplit le mieux une mission de service public, entre la formidable «Urgences» et les programmes abjects de la concurrence privée, type «La Belle et ses Princes presque charmants», c’est que nous avons vraiment un très grave problème.
avril 12, 2012
Renaud Revel = porte-parole des télévisions privées.
avril 13, 2012
Mais pourquoi s’obstine-t-on à nous imposer Fogiel par tous les moyens sur les chaînes publiques (et privées d’ailleurs) ?
Rarement l’incompétence a été conjuguée au tape-à-l’oeil, à la caricature de journalisme et à la politique-spectacle.
Si le critère relève de la proximité avec Nicolas, c’est affigeant.