Et si Libération était en passe de briser le tabou et d’ouvrir les vannes? « Rendez-vous dimanche à 18h30 sur Libération.fr » lance ce matin, dans ses colonnes, le directeur de ce quotidien, Nicolas Demorand, qui annonce, de manière à peine voilée, son intention de publier, avant la fermeture officielle des bureaux de vote, les premiers résultats sortis des urnes.
A l’heure de Twitter et Facebook, Libération dénonce ainsi « un embargo archaïque ». Et ce n’est pas le risque d’une amende de 75.000 euros pour les contrevenants qui semble inquiéter ce journal.
Bien évidemment, la position de Libération est d’une grande logique et on voit mal pourquoi d’autres journaux et médias ne s’engouffreraient-ils pas dans la brèche ainsi ouverte ? Comment imaginer, en effet, qu’à l’heure d’Internet et de la globalisation de l‘information, la France demeure un sanctuaire mis sous cloche et coupé du monde ! Les responsables de médias, en Belgique et Suisse, se disent ainsi médusés face au spectacle qui s’annonce, en France : celui d’une légion de rédactions réduites au silence jusqu’à 20 heures, alors que sur Internet circuleront depuis prés de deux heures des résultats, comme s’il en pleuvait !
On imagine d’ici le tableau : celui de correspondants de chaînes envoyés avant l’heure « H » dans les QG de campagne, commentant l’ambiance qui y règne, au milieu de sympathisants et de militants à la mine tantôt déconfite, tantôt réjouie! C’est ainsi que cette soirée électorale risque de prendre très vite un tour surréaliste. Imaginez, d’ici, les exercices d’équilibrismes d’un David Pujadas et d’une Laurence Ferrari, obligés à l’antenne de ménager un faux-suspens, quand les klaxons du PS ou de l’UMP résonneront dans les rues de nos villes, après que des centaines de milliers de français aient pris connaissance des premiers résultats sur Internet! On va rire.
Tout cela en dit long sur le décalage culturel d’une classe dirigeante adossée à des institutions non moins en décalage avec leur époque. Comment l’Etat, le Conseil Constitutionnel ou des organismes affiliés n’ont pas vu que la création de Twitter et la généralisation des pratiques sur Internet, allaient bouleverser les codes électoraux? Une telle cécité laisse pantois. Personne n’a su, ou n’a voulu, se projeter vers l’avenir et anticiper ce qui va se dérouler: un raz de marée sur la toile. Il aurait pourtant suffit, pour éviter le carambolage qui s’annonce, que l’on décrète la fermeture des bureaux de vote, partout en France, à la même heure : Que l’on réforme, sur le plan technique, l’organisation de cette élection présidentielle. Une mission apparemment impossible pour les cerveaux qui nous dirigent, lesquels brandissent aujourd’hui et en désespoir de cause, des menaces de sanctions bien illusoires quant à leurs effets.
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avril 18, 2012
Pourquoi publier avant la fermeture de certains bureaux de vote ? Vous voulez influencer les retardataires ?
avril 18, 2012
on s’en branle on aura les résultats à 14H via la suisse la belgique & co.
avril 18, 2012
Et pourquoi les journalistes français n’iraient pas faire un reportage en direct vers 18H sur la camapgne présendentielle et ces résultats en Suisse ou en Belgique ?
l’avantage serait double :
1.Avoir les résultat avant 20H
2.Eviter l’amende, puisque les resulatats seront donnés et annoncés par la presse étrangère hors du territoire …. (et ainsi jouer leur rôle de média et d’information)
Le voila le scoop et la bonne affaire …. non ?
Il faut voir un petit peu plus loin que le bout de son nez pour détourner cette régle aussi absurde soit elle au jour d’aujourd’hui.Allez les médias au boulot
avril 18, 2012
Tout aussi illégal mon cher Freddy : la règle du CSA interdit formellement de parler politique sur les médias audiovisuels dimanche avant 20h. Concrètement, cela veut dire : aucun nom de candidat cité, aucune image, aucun son.
Par ailleurs, le fait que les résultats soient annoncés par la presse étrangère ne suffit pas aux médias français pour éviter l’amende : ils sont responsables de ce qu’ils diffusent, même en direct.
Même vous, si vous vous amusez tout seul chez vous à retweeter une annonce d’RTL Belgique (par exemple), vous risquez en théorie jusqu’à 75 000 euros d’amende. Dans les faits, je doute que les particuliers soient vraiment poursuivis. Un média, par contre, ne coupera pas à la sanction.
avril 18, 2012
Merci pour ces précisions que je ne connaissaient pas. Je ne pensais pas que c’était aussi stricte et cadré que ça … mon commentaire n’est donc pas justifié, désolé.
avril 18, 2012
DÉCALAGE HORAIRE: La Belgique, la Suisse? Vous oubliez le Canada. Mais il me semble qu’il y a un précédent nord-américain illustre, pour une présidentielle, il est vrai: un candidat démocrate (Carter?) a reconnu sa défaite à Washington tandis qu’en Californie on votait encore.