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« Manuel Valls était sous influence juive ? « Plusieurs voix s’élèvent depuis hier, dont celles de Bernard-Henri-Lévy ou Daniel Schneidermann, pour fustiger la question posée par Jean-Jacques Bourdin à Roland Dumas au micro de RMC, une question qui a amené l’ancien ministre des Affaires étrangères à faire cette désormais fameuse réponse à l’origine d’une violente polémique, « Ah ça, probablement. Je peux le penser » « Sous le prétexte que je défendais à une époque les Arabes, les Palestiniens, contre les Israéliens, [M. Valls] m’a agressé un jour alors que je le connais à peine, c’est un copain de parti (…) , a aussi dit Roland Dumas. Le père [de M. Valls] était un républicain espagnol formidable, c’était un bon peintre, il est resté en France, il a toujours refusé de revenir en Espagne du temps de Franco. Cela signifie quelque chose pour moi. Lui a pris le point de vue contraire. C’est sa vie, ça le regarde».

Le matinalier de RMC a-t-il dérapé le premier en posant cette curieuse question, dont la forme interroge pour le moins? Le journaliste qui assume son propos dit pourtant ne rien regretter. Reste pourtant une formulation plus qu’hasardeuse qui donne libre cours à toutes les interprétations. « Sous influence juive » : l’expression, nauséeuse dans sa forme, est plus qu’une simple maladresse, elle charrie implicitement tout ce qui suinte ces temps-ci au sein d’une frange de la société française où l’antisémitisme chemine et se répand. Jean-Jacques Bourdin s’est indubitablement tiré sans le vouloir une balle dans le pied en la prononçant. Sans le vouloir : Il serait en effet odieux d’imaginer le journaliste capable d’une telle provocation, il serait indigne de lui faire un quelconque procès en antisémitisme. Des limites de la politique de la petite phrase…Artificier passé maitre dans l’art du mot qui fait mouche ou de la philippique qui fait le « buzz », la vedette de la matinale de RMC s’est plutôt magistralement vautré. Pris au piège de sa propre dialectique, le « sniper » de RMC se retrouve dans l’incofortable posture de l’arroseur arrosé. Mais au moment où le CSA, – qui s’est saisi de l’affaire- et les pouvoirs publics appellent les journalistes à plus de responsabilité, au moment où de toute part on supplie, on implore, on somme les médias de faire preuve de plus de contrôle et de retenue, et à l’heure où la société française se crispe, se clive  et s’inquiète, cette sortie de route fait un piteux effet.