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Les médias: Tous Charlie ou Tous Charlot?

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Il y a quelque chose d’indécent à voir depuis la semaine dernière la quasi-totalité des médias audiovisuels, – dont TF1, Europe 1 et France Télévisions- s’insurger, l’éthique en bandoulière et la carte de presse à la boutonnière, contre les cartons jaunes du CSA. Comme il est tout aussi consternant d’observer avec quel aplomb les rédactions de ces entreprises de presse s’exonèrent avec un aplomb tout aussi confondant de toutes responsabilités dans le traitement pour le moins contestable des derniers évènements survenus au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo.

Dans un bel élan corporatiste, chaînes de télévision et de radio ont défendu bec et ongle leur travail, oblitérant sans réserve les moult dérapages et sorties de route pointés du doigt lors des assauts de Dammartin et Vincennes. S’il est vrai qu’Internet et les réseaux sociaux ont largement alimenté durant ces heures sombres la machine à rumeurs ou à intox, piétinant avec une irresponsabilité ahurissante les règles les plus élémentaires du métier, les grands médias eux-mêmes ont rivalisé de surenchères, multipliant les errements au fil de directs devenus le théâtre de scènes confondantes. Atteintes d’Alzheimer les chaines ont visiblement oublié les informations délivrées en temps réel, les mises en dangers de certains des otages, le déluge de détails divulgués sans la moindre retenue sur des opérations en cours…
Le flux d’informations fait en 2015 du journaliste non seulement un trieur de nouvelles, mais un metteur en scènes de dépêches.Cette mutation correspond à l’évolution de nos sociétés qui sont devenues réflexives. Tout le monde, et pas seulement les médias, participe à cette réflexivité. Tout le monde est aujourd’hui journaliste de quelque chose. Si bien que plongés au cœur de cette grande toile d’araignée qu’est l’Opinion,- cette horloge médiatique unique et globalisée -, les journalistes ont succombé à ce qui est devenue aujourd’hui la règle : la vitesse. La paupérisation de cette industrie, où le chômage et la précarité dominent, le resserrement du nombre de médias, plongent les rédactions dans un sentiment d’urgence. C ’est Régis Debray qui s’attriste des coups de fil de jeunes journalistes lui allouant trois minutes pour répondre à une enquête sur l’existence de Dieu, le sort de l’Europe où la crise morale de nos sociétés. Devenue diktat, la pression de l’info conduit à toutes les absurdités et prises de risques. L’intelligence et la politesse sont aujourd’hui affaires de technologie. Les journalistes n’ont plus le goût du grand large et des grands espaces. Tournés hier vers le lointain, ils sont aujourd’hui rivés à leurs nombrils, aux compteurs d’audiences ou aux résultats annuels de l’OJD, les impitoyables baromètres d’une profession prise de tachycardie. Chacun virevolte sans filets, le nez rivé à ses instruments de mesure. Obligation est faite de doubler le concurrent par tous les moyens. Et les postures outragées de TF1 ou de France Télévisions n’y changeront rien.

 

Si personne ne peut sérieusement nier que depuis l’apparition des télévisions privées l’information télévisée est devenue globalement meilleure et plus indépendante, l’explosion d’Internet et des réseaux sociaux en a perturbé l’écosystème. Relayer ou non et jusqu‘à quel point ? N’est-il pas de la responsabilité des chaines que de rétablir la coupure sémiotique ? De restaurer l’espace critique du téléspectateur ou de l’auditeur en lui donnant les éléments les plus justes, recoupés et validés, pour qu’il ne soit pas frappé de désolation ou d’effroi face à des images. La déontologie suppose de chercher l’information plutôt que la sensation. Obligation devrait être faite d’arbitrer en permanence entre l’impératif de vérité, de crédibilité, et celui de faire mouche instantanément. Commanditaires et relayant : Médias et terroristes forment à l’heure d’Internet et du « Breaking news » un couple diabolique. Pris en otage, l’appareil médiatique doit se poser la question de répercuter ou non, – et jusqu’où- l’onde de choc causée par l’attentat. Ce qu’ont manifestement oublié ceux qui reprochent aujourd’hui au CSA d’avoir tiré la sonnette d’alarme, après que le train des médias ait roulé deux jours durant, en janvier dernier, et à tombeaux ouverts, au bord du précipice.

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2 Comments
  • BozoLeClown
    février 23, 2015

    Encore un billet ultra-pertinent et salutaire de R. Revel. Ca y est, je suis « Revelophile ». Même si je n’ai pas compris certaines formulations (« L’intelligence et la politesse sont aujourd’hui affaires de technologie. » ??? « […] rétablir la coupure sémiotique » ???).
    On voudrait s’adresser aux rédactions mises en cause par le CSA avec les paroles de Bashung : « C’est comment qu’on freine ? J’voudrais descendre. »
    Les radars du CSA ont largement flashé, mais les rédactions répondent comme des chauffards arrogants. La sécurité de l’info, ce n’est pas leur problème. La liberté d’informer qu’ils revendiquent est celle de la prise de risque maximal et de foncer pied au plancher, au motif que le client n’attend pas et qu’il faut gratter quelques secondes sur le concurrent. C’est l’info version « les fous du volant ».
    Le CSA leur a offert une bonne occasion de réfléchir à leur conduite, qu’ils auraient pu mettre à profit pour s’extirper de la tyrannie du temps réel. Mais non, les rédactions y ont vu une occasion de constester l’autorité du CSA et les ambitions de son Président, M. Schrameck. Pourtant, face à un système médiatique devenu fou, il n’y a plus que la peur du gendarme qui peut empêcher des accidents sur les routes de l’info.

  • aureal
    février 24, 2015

    Il serait bien parfois de garder le silence