Ils s’attendent dans un mélange d’amusement et de perplexité à découvrir une touriste, un ovni tombé de nulle part, d’un ciel inexpliqué. Et ils découvrent une personnalité forte qui se décline en qualificatifs plutôt gratifiants: «sympathique», « avenante », « déterminée», « franche du collier»….Delphine Ernotte, qu’une légion en dévotion, -producteurs, animateurs et journalistes- visite depuis quelques semaines, prend peu à peu ses marques. Et chaque visiteur qui franchit la porte de son bureau, situé à une centaine de mètres de celui de Rémy Pflimlin, dépeint une pédégère qui a pour première caractéristique de ne pas maquiller son propos en l’enrubannant de formules toutes faites: carrée, l’impétrante décoiffe et assène. Certains des membres de l’équipe dirigeante sortante ont pu l’expérimenter, qui l’ont quittée les nerfs à vifs et le moral courbaturé, certains qu’ils n’avaient plus qu’à faire leurs paquetages et quitter la maison. Ayant remisé ses crampons après avoir dit à Julien Lepers un matin ce qu’elle pensait de son émission, «Questions pour un champion », la dame a chaussé des escarpins pour roucouler sous le jabot de l’ancien PDG de France Télévisions, Xavier Gouyou-Beauchamp, ce vendeur de gris-gris croisé dans Paris, qu’elle a invité à déjeuner afin qu’il lui raconte la télé : boursouflé de plaisir, l’augure en a rosit…
Delphine Ernotte serait ainsi plus habile et rouée qu’on ne l’a dit, sans doute un peu rapidement, quelqu’un qui pour se prémunir des vertiges de ce nouveau pouvoir qu’elle incarne désormais à la tête de France Télévisions, feint parfois l’inappétence et la désinvolture. Les conditions quelque peu rocambolesques de sa nomination ne semblent pas l’avoir entamée racontent celles et ceux qui l’ont croisée en tête à tête dans son bureau: «une femme qui sera difficile à cornaquer», souligne l’un d’entre eux : il trace le portrait d’une personnalité qui garde dans le regard l’éclat malicieux de celle à qui on ne la fait pas. Avec pour seule bagage le bon sens de l’expérience acquise en entreprise, (Orange), et pour unique atout, sa virginité dans un univers où personne ne l’espérait, l’impétrante semble quelqu’un d’assez libre. Aucunes attaches, -si ce n’est quelques serre-livres, cette fameuse garde rapprochée qui l’encadre et la protège depuis le début de son entrée en lice en janvier dernier-, aucuns débiteurs, non plus, dans un métier où tout n’est que réseaux, prébendes et renvois d’ascenseurs.
Cette femme, papillon raide et charmeur, à qui le destin a fait un beau cadeau, aura-t-elle la longévité d’une éphémère, balayée par ces bourrasques à venir que beaucoup annoncent et décrivent ? Ou au contraire, se forgera-t-elle une stature à l’échelle des enjeux qui la guettent ? Questions : Passera-t-elle ces obstacles sans casse? Et quelles seront les conséquences des trois plaintes déposées contre le CSA, ( celles de Didier Quillot, du syndicat CGC Médias et de la CFDT Médias, demain mercredi), consécutives aux conditions de sa nomination? Un simple feu de broussailles que l’été ou les mois éteindront, ou bien l’embrasement? Les semaines qui suivent vont être en cela déterminantes.
Pour l’heure, Delphine Ernotte assiste au ballet des parapheurs qui voit son prédécesseur, Rémy Pflimlin, reconduire les contrats du cheptel, les Nagui, Sébastien, Sublet, Drucker et consort. Elle n’a pu apposer sa griffe aux bas des dits contrats, n’étant pour l’heure pas encore officiellement, (et juridiquement) aux manettes : Une incongruité absurde qui rend inopérante cette fameuse période dite de « tuilage » qui devait en principe permettre au nouveau PDG de prendre des décisions à l’horizon de la saison prochaine: Une rentrée qui portera le sceau de son prédécesseur.
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juin 10, 2015
Merci d’avoir partagé l’intimité de France Télé avec nous
J’espère qu’une jour j’aurais une opportunité de présenter mon travail à Mme Ernotte ou un autre professionnel, le milieu de la TV est si cloisonné.
Depuis 5 ans que je démarche des chaines de TV, aucune n’a accepté de recevoir. Toutes ont jugé mon travail inintéressant sans même en prendre connaissance.
Si Mme Ernotte applique ses principes, elle devrait rendre France TV plus accessible aux jeunes créateurs, c’est ce que j’espère en tout cas.
Et qu’on ne me reparle plus jamais de cette vaste blague qu’est TVlab, ce « nouvelle star de la prod qui fait gagner Johnny Hallyday et qui ne lui donne même pas son prix », ou ce concours qui traite les artistes comme des gratuites, en les mettant en compétition et n’en rémunérant que certains.
http://www.toutelatele.com/tv-lab-france-4-ne-diffusera-pas-lazarus-gagnant-de-la-premiere-edition-65310
Je m’arrête là pour ce premier commentaire, mais je reviendrai certainement sur ce blog sympathique. Je vous ai découvert il y a peu (et apprécié) en regardant l’interview de christophe carrière il y a peu.
au plaisir.