Dans un portrait que lui consacrait dernièrement Le Point, Bruno Le Maire s’épanchait sur ses maux de jeunesse, évoquant tout à trac un père qu’il « n’a pas eu« …Le tout à travers un livre réquisitoire qu’il vient de publier aux éditions Albin Michel, ( Ne vous résignez pas). Ce n’est pourtant pas le souvenir qu’en a sa famille, qui s’est émut aux larmes (de rire) ! Né d’un père cadre du groupe Total et d’une mère directrice d’établissements privés catholiques, l’ancien ministre de l’Agriculture explique dans cet ouvrage avoir été « négligé » par les siens. C’est ce qu’il confie au fil des pages de ce livre où il lâche entre autres confessions, « Je n’ai pas eu de père ». L’homme politique de 46 ans ajoute : « Mon père ne m’a jamais parlé. Je ne crois pas qu’il m’aimait. D’ailleurs, je veux donner à mes fils le plus d’amour possible, que je n’ai pas eu étant enfant ».
Ces confession pour le moins surprenantes dans la bouche de l’un des cadres les plus prometteurs de sa génération à droite, ont laissé perplexe et quelque peu pantois non seulement ses proches, – «Il va falloir que Bruno Lemaire se remette d’être né dans le 16ème, dans une famille où tout va bien. Il se raconte un peu des films, c’est son côté théâtral », dixit les intimes du candidat dans les colonnes du Point. Mais également nombres de ses pairs au sein de la classe politique où cette mise à nue, d’évidence soigneusement pesée, a été vécue comme une opération de com’ d’une médiocrité assez rare.
Il en va en effet de Bruno Le Maire comme de ces personnalités du monde du spectacle ou de la littérature qui s’en vont se déshabiller dans les pages d’ouvrages introspectifs transformés en confessionnaux: un filon dégoulinant qui prolifère comme du chiendent depuis que le monde de l’édition s’en est emparé à coup d’exercices lacrymaux insupportables.
On devine derrière la démarche de Bruno Le Maire un vague conseiller en communication invitant son poulain à se déboutonner dans le but de gommer une image de techno en col blanc. On imagine derrière cet ambitieux à l’ego dilaté quelques « spin-doctor » mal inspirés qui l’ont sans doute convaincu de passer à la paille de fer une jeunesse revisitée avec des trémolos. A quand un passage devant les micros du psy de TF1, Thierry Desmaizière, sur le divan duquel défile toute la misère du monde. Jusqu’à Nicolas Sarkozy? A quand un stop sur celui de Thierry Ardisson où tous les éclopés de la terre défilent, cornaqués par des maisons d’édition aux taquets? Il y a quelque chose de pathétique dans ce strip-tease qui n’a pas d’autre fonction que de ravaler la façade d’un candidat encalminé dans les sondages et dont le père défunt ne lui sera bien évidemment d’aucun secours.
Il y a heureusement dans cette séquence médiatique désastreuse une petite note d’humour: les réactions en chaine d’une famille qui n’a pas pu retenir ses fous-rire après quelques secondes de stupéfaction et d’un bref apitoiement.
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