
François Hollande, Nicolas Sarkozy
Son passage jeudi dernier sur le plateau de France 2 ne restera pas gravé dans sa mémoire. Loin s’en faut : Alain Juppé est sorti quelque peu furibard du siège de France Télévisions. Non pas que sa prestation fut mauvaise : le maire de Bordeaux a pu dérouler en bodybuilder de la politique un propos solide. Non, c’est le dispositif surréaliste de l’émission qui a mis en rogne celui qui dut affronter, coup sur coup, un ex-trader à la dérive, Jérôme Kerviel, et un illuminé monomaniaque, Robert Ménard. Le premier, on crut rêver, fut appelé à la barre pour parler régulation de la finance. Quant au second, il en appela à la chasse aux Sarazins, avec des accents qui interrogeaient sur sa santé mentale. Face à eux, un homme partagé entre la consternation et le fou-rire: Alain Juppé dont le regard vacilla.
C’est la honte du service public que d’offrir de tels tréteaux à de tels zigotos. Et c’est l’honneur du même service public de rehausser le débat politique et non de le galvauder, de le dégrader, de la sorte. Alain Juppé avait toutes les raisons d’être en colère. Et c’est d’une irritation chasse-mouche qu’il a refusé le verre qui l’attendait, une fois l’émission terminée.
Juppé mécontent, Sarkozy en furie: la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, a fort à faire sur son flanc droit. La diffusion ce soir sur France 3 d’un autre documentaire, réalisé par Gérard Miller, cette fois-ci, sur le patron des Républicains, risque de crisper une nouvelle fois. Intitulée Sarkozy, l’homme qui courait plus vite que son ombre, cette tentative psychanalytique vient après le feuilleton Bygmalion de France 2. Une nouvelle fois, l’ancien locataire de l’Elysée s’interrogera sur l’assiduité avec laquelle France Télévisions s‘attache à sa personne. France Télés fait-il rougeoyer les braises de la « provoc »? Non, assure-t-on en interne, où le travail et l’impartialité des journalistes sont mis en avant. Ce que l’on veut bien croire.
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