On disait la presse américaine moribonde et à bout de souffle, ses grandes enseignes sur le déclin. Et voilà que depuis quelques semaines deux des titres les prestigieux des Etats-Unis, le New York Times et le Washington Post, sont à la pointe d’un combat anti-Trump, dont ils risquent bien d’être tout simplement les tombeurs. D’une pugnacité revigorante, ces deux machines de guerre se livrent une concurrence acharnée sur le front des révélations qui, une à une, n’ont de cesse de raboter l’image et le socle d’un Donald Trump dans les cordes. Au point que Fox News, machine de guerre Républicaine, n’a pu rivaliser, prise de vitesse par des rédactions autrement plus affûtées.
C’est d’abord le New York Times qui a ouvert le feu avec une enquête sur la déclaration fiscale du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, enquête indiquant qu’il n’aurait pas payé d’impôts pendant près de 20 ans, après qu’il ait invoqué des pertes colossales au sein de son groupe et ce dès 1995.De là date la première glissade de Trump dans les sondages et ses premières difficultés.
Ces révélations ont été l’occasion d’un véritable feuilleton dans les colonnes d’un quotidien accusé par Trump et son équipe d’être une boite aux lettres, une courroie de transmission, du camp démocrate. A cela, le quotidien new-yorkais a répliqué en redoublant de révélations, étrillant la fiscalité d’un Donald Trump épinglé quelques jours plus tard par le Washington Post.
Le célèbre quotidien, à l’origine du Watergate et de la chute de Richard Nixon en 1974, vient sans doute de lui porter les coups le plus dur avec la dernière publication d’une vidéo à charge, où l’on entend Donald Trump raconter de la manière la plus triviale son rapport aux femmes. Dévastatrices, ces déclarations, retrouvées dans les archives de la chaîne NBC qui ne les avaient jamais diffusées, ont totalement fait basculer une campagne qui cette nuit a tourné au pugilat, avec le second débat télévisé.
C’est d’ailleurs à la suite de la diffusion de cette vidéo que le camp républicain a commencé à se fissurer, que certains des colistiers de Trump, comme le sénateur John McCain, ont pris leurs distances.
Indiscutablement, ces deux grands médias américains auront pesé comme jamais dans une campagne où la presse écrite joue un rôle d’arbitre essentiel. Indubitablement, l’influence et le poids de ces deux organes de presse restent intacts, malgré l’érosion de leur lectorat et l’affaissement de leurs recettes publicitaires. Une campagne où les réseaux sociaux auront finalement très peu pesé, – à l’inverse de celle qui vit Barak Obama accéder à la Maison Blanche il y a cinq ans. Et où la presse traditionnelle, avec son savoir-faire et l’expérience de rédactions rodées à ce type d’exercice, a fait la démonstration de sa puissance. Au final, un spectacle pour le moins réjouissant, à l’heure où la presse française, dévorée par le tout-infos des chaînes en continue et les sites low-cost, se contracte, réduit la voilure et se paupérise.
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